-
Le nouveau long-métrage d’Alix Delaporte (Angèle et Tony, Le Dernier coup de marteau...) acte de la fin d’un monde, celui du journalisme d’investigation. Un monde qui ne semble plus compatible avec la loi d’un marché qui carbure à une rentabilité immédiate. Or le propre d’une enquête est justement de savoir se détacher des contraintes du temps, la vérité étant par essence une proie difficile à cerner. A la télévision française, la quête du sensationnel et de cette « proximité » si chère aux annonceurs ont considérablement réduit la notion même de « terrain ». Ainsi les héros de Vivants (!), journalistes pour une émission jadis prestigieuse de reportages télés font figure de reliques, désespérés de tourner au ralenti, voire, à vide. Il faudra le regard d’un élément extérieur pour révéler la beauté enfouie, en l’occurrence ici, celui de Gabrielle (Alice Isaaz), dropée au sein d’une équipe « d’anciens combattants » qu’elle rêve d’intégrer. Dans cette bande chacun à sa place (trop) bien défini : le chef charismatique ombrageux (Zem), la battante au grand cœur (Arbillot), le chien fou (Elbaz)... Le film touche surtout juste dans cette façon d’envisager leur bureau-bocal autant comme un refuge (espace de vie et de repos) qu’une prison (lieu de stagnation) Une fois au dehors, les protagonistes piétinent voire sont empêchés d’avancer. Le terrain est une morne plaine. Seule Gabrielle, portée par une fougue intacte saura dans une scène poético-burlesque saisir l’image juste, presque irréelle. C’est bien à la jeunesse de ré-enchanter ce monde abimé. « Inventez des trucs... », conseille justement l’aîné fatigué.