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En passant du métro au train et du pseudo-Die Hard avec des terroristes financiers au pur film catastrophe, la paire Scott- Washington a aussi trouvé un thème, un sujet et, oui, une substance. Ça se sent d’abord dans l’arrière-plan avec ces images de zones industrielles quasi désaffectées qui abritent les restes d’un tissu social en ruine. Une fois la situation établie (il faut se débrouiller pour que le train soit sans pilote, avec l’accélérateur enclenché et les freins débranchés), on comprend que la catastrophe, la vraie, n’est pas qu’un train soit hors de contrôle mais que le système pyramidal de prise de décisions au sein de la société américaine soit à l’arrêt, avec des dirigeants déconnectés du terrain et des gens de terrain totalement déresponsabilisés et découragés de prendre la moindre initiative.
Toutes les critiques de Unstoppable
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce simplisme volontaire du scénario permet à Tony Scott de s’adonner à ce qui lui plaît vraiment – fracasser des images contre d’autres images –, faisant la synthèse parfaite de ses récits de mavericks désobéissants mais aptes à sauver la nation (USS Alabama et Top Gun) et de ses films plus théoriques sur la résistance de l’actuel sur le virtuel, de l’ancien sur le nouveau (Domino, Déjà vu).
Le programme est encore plus clair ici, puisque ce runaway train au chiffre porte-bonheur (777), que Scott filme comme une pièce de musée (comment ne pas penser au début de La Bête humaine de Renoir ?), symbolise une classe ouvrière bafouée, reléguée hors de la photo (et donc de la fiction) par des actionnaires cyniques et dépassée par des événements que les caméras-moustiques de Fox News ne parviennent plus vraiment à relater.
Seuls quelques cheminots droits et fiers, cow-boys hawksiens au professionnalisme sans faille, se révèleront capables de maîtriser ce monstre ivre de vitesse. “Nous chanterons les locomotives au grand poitrail, qui piaffent sur les rails, tels d’énormes chevaux d’acier bridés de longs tuyaux”, écrivait Marinetti en 1909 dans Manifeste du futurisme. Un siècle plus tard, il s’est trouvé un brillant continuateur. -
Le film, lui, est d'une redoutable efficacité, idéal pour se faire une petite frayeur en savourant son pop-corn.
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Après une mise en train classique, où les éléments s'enchaînent inexorablement pour mieux se déchaîner, un imparable suspense nous serre dans son étau. Des personnages stéréotypés mais attachants, une belle montée dramatique, des effets spéciaux efficaces, un montage comme survolté par un caténaire, tout concourt à faire tourner cette grosse machine hollywoodienne à plein régime dans le but de nous faire faire un impressionnant tour de cinoche.
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Mêlant action et suspense avec une redoutable efficacité, Tony Scott embarque le spectateur avec ses plans hallucinants sur le monstre d’acier lancé plein pot.
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Nouvelle production de l'inégal Tony Scott, Unstoppable promet longtemps à son spectateur une expérience un peu originale, une manière de déjouer les clichés du suspense hollywoodien contemporain. La première moitié du film est en fait l'exposition d'un mécanisme fatal, presque abstrait, d'un dérèglement progressif des événements. (...) Dans sa deuxième partie, Unstoppable retrouve les mécanismes traditionnels du suspense en s'attachant à deux "héros", un conducteur de train (Chris Pine) et un ingénieur (Denzel Washington) effectuant diverses acrobaties afin d'arrêter la machine folle. La modernité du film de Tony Scott réside dans le fait que le récit met l'accent sur l'acharnement des médias à recueillir des images du train en marche dans l'attente de l'accident. La multiplication des écrans de télévision dans le film et la possibilité d'une vision en temps réel de l'événement donnent à l'ubiquité un peu voyante de la caméra de Tony Scott une justification particulière.