Première
par Sophie Benamon
Elle ne veut pas. Au médecin qui lui annonce son cancer, Leticia, une septuagénaire revêche, dit non. Elle refuse le traitement. Sous l’oeil effaré de sa fille venue l’accompagner. Dès lors, à l’image de cette première scène choc, Franco Lolli développe dans Une mère incroyableles relations houleuses de ce duo : la mère, en fin de vie, au caractère bien trempé, interprétée par Leticia Gómez (la propre mère du réalisateur), et sa fille aînée, Sylvia, qui en plus de la maladie de sa mère, doit faire face à une accusation de corruption dans son travail et s’occuper seule de son fils. Franco Lolli, réalisateur colombien passé par la Fémis, dont il est sorti avec les félicitations du jury, dresse un portrait de femme complexe et audacieux, sans jamais céder à la facilité du mélo. L’animosité qui pimente les relations entre la mère et la fille ne se calme pas avec la douleur. Et quand Sylvia (épatante Carolina Sanin, par ailleurs écrivaine et féministe reconnue en Colombie) s’autorisera enfin une histoire d’amour, la mater familias mourante ne cessera de lui lancer des piques. Après Gente de bien, son premier film découvert à la Semaine de la critique en 2014, le cinéaste confirme un talent certain pour filmer le conflit. Il parvient à donner à un sujet difficile (la fin de vie) une vitalité extraordinaire. En dépit des querelles qui y règnent, le gynécée qui se réunit pour les derniers moments renvoie l’image d’un au revoir apaisé.