Une année difficile

Éric Toledano et Olivier Nakache n’avaient pas sorti de film depuis Hors normes en 2019 et s’étaient pleinement consacrés à la série En thérapie. En revenant au cinéma, ils prolongent leur portrait du monde de l’après-confinement et assument un ton de satire sociale. Soit l’histoire de deux hommes surendettés qui croisent la route de militants écologistes luttant contre la crise climatique. Entre ces deux habitués de la surconsommation et ce mouvement qui prône la décroissance, le contact n’est pas évident mais la présence dans le groupe d’une dénommée Cactus, jeune femme sensible et engagée, va faciliter l’intérêt des deux fanfarons pour la cause écologiste. Pour illustrer la rencontre entre des idéologies contradictoires, les cinéastes usent d’une réalisation énergique qui fait d’emblée appel à la voix de Jacques Brel chantant La Valse à mille temps, façon de nous inviter à une joyeuse danse des contraires. Comme dans les grandes comédies italiennes, les personnages émeuvent par leurs failles : en père brisé par le chagrin, Jonathan Cohen est épatant ; Pio Marmaï impressionne quant à lui par son mélange de dynamisme et de fragilité ; et Noémie Merlant, en militante qui s’est coupée de ses désirs, se révèle très touchante. Bien que le film patisse ici et là de quelques défauts dans sa peinture politique comme dans son intrigue sentimentale, le duo Toledano-Nakache assure l’essentiel : faire de la comédie un stimulant poste d’observation contemporain qui appelle à la prise de conscience. Et à ce titre occupe vraiment une place à part dans le cinéma français.