Trésor

Mathilde Seigner a beau appeler le chiot « mon bébé », l’embrasser à outrance et lui donner de l’entrecôte à déjeuner, transférant de façon hurlante un amour maternel insatisfait, à aucun moment le film n’aborde de front le fond évident du problème : pourquoi ne font-ils pas d’enfants ?

Le parcours est ultra-balisé, mais il y a dans le dernier film de Claude Berri toute la tendresse qu'il portait aux couples en général et à ses acteurs en particulier. Comment, dès lors, ne pas l'aimer aussi, ce Trésor ?

Le caractère souvent autobiographique de la romance en crise, parfaitement incarnée par Mathilde Seigner et Alain Chabat, tous les deux moins dans l’excès que prévu, en devient de ce fait forcément touchant. Au final, le contexte autour de la sortie de Trésor rend la digestion du film plus ardue que prévu. Le chienchien à son pépère nous déçoit quelque peu, tout en nous procurant un profond sentiment de mélancolie assez insolite dans le genre. Là où Bambou de Didier Bourdon insistait dans le burlesque et sombrait dans les lourdeurs démonstratives sur le couple, Trésor manifeste plus de pudeur et une vraie légèreté, cette insoutenable légèreté de l’être.

Pas de coup de griffe, non, à ce film qui a connu en cours de tournage la disparition de Claude Berri, remplacé par François Dupeyron. Les amoureux des chiens pardonneront au scénario son manque de mordant. Les autres préféreront Ronron à César.

Rien de bien original sinon le dernier film d'un grand monsieur du cinéma français. Tchao Berri.

On reste atterré devant ce Trésor, ultime film de Claude Berri et comédie pas drôle. [...] Au-delà de la tristesse de voir une brillante carrière se finir ainsi, il y a aussi la colère de devoir supporter un navet de luxe, avec deux stars sans doute grassement payées (Mathilde Seigner et Alain Chabat). Le cinéma populaire mérite mieux. Claude Berri lui-même l'avait prouvé en produisant Bienvenue chez les Ch'tis !

On est triste : le dernier film de Claude Berri, terminé par François Dupeyron (Berri mourut pendant le tournage), est une très mauvaise comédie. Par amitié pour le grand Claude, on cherche quelques qualités à cette histoire de couple, chamboulé par l'arrivée d'un bulldog à forte personnalité. En vain. Ce sujet un peu bête (ma femme, son chien et moi) réclamait une mise en scène légère et des acteurs ébouriffants : or, Trésor enchaîne les gags au ras de la gamelle et l'interprétation manque cruellement de chien : Mathilde Seigner, naturelle dans un rôle insupportable, face à un Chabat très terne. Et si on faisait comme si de rien n'était ? Trésor, le dernier film de Claude Berri ? Non, désolé, on ne voit pas...

La délicatesse de la situation, le respect dû à la mémoire du disparu, et l'ambiguité de cette double signature ne simplifient pas particulièrement l'exercice critique. D'un certain point de vue, l'échec radical du film, son écroulement rapide sur lui-même, règle ce problème. [...] Ce qui s'ensuit, avec la pauvre bête pour faire-valoir, se partage entre la déclinaison des clichés les plus éculés de la comédie romantique et le fracas d'un navire en perdition sur les écueils de la futilité et de l'invraisemblance.