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The Informant ! pourrait être lourd, confus, ou prétentieux : il n'en est rien. L'art du montage de Soderbergh (le rythme est effréné), associé à une ironie permanente (la voix off maintient un savoureux décalage) et allégé par une BO jazzy de Marvin Hamlisch (Pakula, Allen), achève de faire de cet exercice de style apparent une réussite majeure. Avec ce film sur l'artifice (à la limite de l'abstraction), Soderbergh n'a jamais semblé aussi sincère.
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L’astuce de Soderbergh est de doter ce grand manipulateur d’une voix off, mais même ses pensées intérieures ne révèlent rien de ses agissements. Comme si, même au fond de lui, il continuait à mentir ; aucun double fond ne permet de le comprendre. Il n’est défini que par une chose : une incroyable habileté à embarquer son prochain dans ses bobards d’escroc. L’habillage seventies du film, entre Conversation secrète de Coppola et Message à caractère informatif de Nicolas et Bruno (musique d’ascenseur, couleurs marronnasses...), frise la coquetterie un peu vaine. Mais Soderbergh réussit vraiment à partager la fascination que ce personnage à la fois misérable et grandiose lui inspire. Très drôle, un peu méchant, The Informant! est un film réjouissant.
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Difficile de ne pas penser, dans un registre similaire, au récent Burn After Reading (2008), des frères Coen, où le délire général de manipulation confine au grotesque. Moins farcesque et donc plus inquiétant, The Informant ! repose sur une belle trouvaille narrative, qui consiste à mettre en parallèle l'action proprement dite et le commentaire mental du personnage principal - le spectateur est ainsi plongé dans un état d'exquise intranquillité. S'ajoute un atout majeur : l'interprétation de Matt Damon.
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Le film, comédie seventies à tiroirs assez drôle et ironique (pas de héros positif à la Erin Brokovich ici), nous perd parfois en route dès qu’il « méandre » en plein complot industriel, mais prend toute sa dimension lorsqu’il se recentre sur le personnage : un mélange de rouerie, de schizophrénie et de naïveté. Damon et ses 13 kilos de surcharge pondérale sont parfaits.
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En transformant [Soderbergh] l'histoire de Whitacre et ADM en comédie de l'inanité, il réaffirme la puissance des soeurs Fiction et Interprétation : cause toujours, tu m'intéresses - vraiment.
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C'est un vrai bonheur de voir Matt Damon endosser tout d'abord le costume d'un homme ordinaire puis celui d'une 'taupe' prise dans la tourmente. Le décalage entre ses actions et ses réflexions intimes que nous livre sa voix off donne des moments savoureux.
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Le film enfle, grossit, se retrouve à des années-lumière de son point de départ, quelque part entre Pynchon, les ZAZ et Kafka. C'est si drôle que ça.
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(...) au final, Soderbergh saborde son propre film à grands coups de hache. Une apothéose jubilatoire, qui efface toute tentative d'explication rationnelle, éteint son film, agacera au passage, mais ne laissera personne indifférent.
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Plombée par de nombreux monologues distillés en voix off, le film, étrangement ancré dans une esthétique seventies, peine à passionner jusqu'aux deux tiers. Quand on partage enfin l'humour absurde de la situation.
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Avec The Informant !, comédie d'espionnage totalement loufoque, Steven Soderbergh s'amuse. Et le spectateur aussi, de voir Matt Damon torpiller son image sexy en portant haut l'embonpoint et la perruque de travers. (...) La complicité évidente du comédien et du réalisateur insuffle une atmosphère potache à un thriller destiné aux amateurs de divertissements sophistiqués.
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(...) l'histoire délirante d'un mensonge qui grossit comme une bulle de chewing-gum, film en forme de montagnes russes, à la fois brillant et tarabiscoté.
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Au début, il y a de quoi se perdre dans les méandres d'une intrigue qui se complique sans cesse, mais rapidement on se laisse emporter par cette fantaisie où la morale n'a pas d'importance, ni la logique d'ailleurs. Soderbergh restitue à merveille cette atmosphère à la fois suspicieuse et loufoque. Binoclard et engoncé dans ses costards, Matt Damon est parfait au poker menteur.
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Matt Damon est l'atout maître de se labyrinthe parfaitement maîtrisé sur les ressorts d'une rocambolesque arnaque. Et l'on est tout surpris d'être in fine le pigeon consentant de cette farce, moins grinçante que trés fûtée.
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Si son inspiration visuelle puise dans la flambe des sixties, Soderbergh n'en ramène que la plate trivialité, pas un gramme de légèreté pop ou de puissance onirique. La belle idée du scénario, s'engouffrer dans la zone de déni et de cynisme du monde de la corruption financière (le prédateur comme drôle de mélange d'insouciance vaguement inquiète, d'irresponsabilité bouffonne et de fausse naïveté), aurait dû déboucher sur une intrigue s'étourdissant de ses bouffées délirantes. Mais elle se transforme entre ses mains en pur prétexte d'arrogance, réveillant le complexe de supériorité du petit malin qui n'a jamais cessé de sommeiller en lui. Du coup, le thriller-champagne a des vieux goûts de moisi.
The Informant !