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Il parait que la misère est moins pénible au soleil. Dans The Florida Project, personne ne se plaint ouvertement de (sur)vivre dans un monde pas facile où le ciel continuellement bleu a pourtant du mal à cacher ses nuages. L’action se déroule dans un motel tout aussi coloré que le château de Cendrillon qui trône dans le parc Disney voisin. Sauf qu’ici les Minnie, Mickey et Pluto, ont du mal à joindre les deux bouts et vivent pour la plupart dans une grande précarité. Sean Baker regarde ses protagonistes s’agiter avec la même vitalité qui nous avait tant bluffés dans son précédent long-métrage : Tangerine. L’univers des jeunes adultes pas toujours très responsables et celui d’enfants turbulents qui envisagent leur apparente liberté comme un jeu dont il faut profiter séance tenante, se télescopent jusqu’à se confondre tout à fait. Le gérant dudit motel (Willem Dafoe impeccable), a beau faire les gros yeux, chacun sait qu’il veut préserver tout le monde. Il faut reconnaître à Sean Baker, une volonté farouche d’en découdre avec l’idée frelatée du rêve américain et de se placer juste à côté du soleil (Tangerine se situait dans une Los Angeles interlope) pour mieux en saisir ses contre-jours. A souligner enfin, la prestation parfaite d’une jeune inconnue, Bria Vinaite, repérée par le réalisateur via Instagram.