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Un des trucs fascinants de Slam Dunk concerne son évolution graphique et thématique, presque mentale en fait : au départ, c'est un shônen (manga pour jeunes garçons) tout ce qu'il y a de plus classique, avec un héros-loser qui se met au basket pour draguer les filles et découvre qu'il est un génie de ce sport. Mais, en six ans de publication, de 1990 à 1996, le trait de son créateur, le grand Takehiko Inoue, a vogué vers quelque chose de plus en plus réaliste, de plus en plus abstrait, jusqu'à devenir une ébauche, un croquis, bref une œuvre entièrement tournée vers la recherche du geste artistique idéalement pur. Forcément, c'est une quête vouée à l'échec (comme l'exprime le monumental Vagabond, la série suivante d'Inoue racontant la vie du sabreur Musashi, commencée en 1998 et encore inachevée), mais au fond qu'importe ! Et si The First Slam Dunk représente quand même une sorte d'aboutissement de la quête d'Inoue (qui réalise le film), il ne nécessite absolument pas d'avoir lu toute la BD (et encore moins d'avoir vu les quatre films dérivés sortis en 94-95) et se révèle tout autant un manifeste artistique sur cette recherche du geste vrai qu'un film de basket véritablement dément. Tout se joue pendant un match de basket lycéen crucial, entre équipes de joueurs surdoués, chacun avec leur style -on retrouve les archétypes du shônen : le génie rebelle, le beau ténébreux, le costaud... Grâce à des flashbacks (souvent terrassants), le film fait éclater ces archétypes, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le mouvement, le geste. Et l'émotion.