Première
Surgit à la fin du film, à peine sorti de la salle, cette sensation évidente, quoique plutôt fugace : la légèreté (du moins, ce qu’on nommera comme tel). Stella est amoureuse, suite de Stella (2008), est un grand film. Humble, plutôt classique, mais grand oui, par l’ampleur qu’il donne à son héroïne de 17 ans, sa fluidité scénique et le doux effet qu’il procure. Le film (osons les mots) allège cœurs et corps, remplit, réjouit, procure mille émotions à la minute, rend nostalgique et novice. Vivant.
Pourtant, sur le papier, l’affaire n’avait rien de bien original. Une jeune fille (Flavie Delangle, superbe) passe le bac, traîne avec sa bande, hésite à se pencher sur ses cours, musarde dans sa piaule, épaule une amie ou une mère (Marina Foïs, inégalable) délaissée par un mari lovelace (Benjamin Biolay, déjà présent dans Stella), se cherche un avenir. Et découvre peu à peu les nuits dansantes de Paris. Chaque samedi soir, passé minuit, elle s’engouffre dans les Bains Douches, l’une des plus mythiques boîtes de nuit des années 1980, qui a fermé ses portes en 2010. Elle aime danser, observer les uns et les autres, séduire, fumer (trop), mais pas trinquer. Elle ajoute peu à peu un trait d’eye-liner sur ses paupières et du rouge aux lèvres. Elle n’est ni femme fatale ni infâme, plutôt ordinaire. Elle tombe amoureuse, aussi. Tout est beau, mais pas trop. Stella traverse l’âge des remises en question éternelles, des premières mélancolies et des affirmations contrariées. « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », écrivait Rimbaud. À moins qu’on le soit déjà trop.
Estelle Aubin