Première
par Christophe Narbonne
En deux heures, la vie de Laurent bascule : un SMS malencontreux lui fait découvrir l’infidélité de sa femme, on lui vole son portable, son fils disparaît, sa maison brûle et son entreprise est mise en liquidation judiciaire ! Cerise sur les emmerdes, il est placé en garde à vue. L’idée de faire un "After Hours" à la française et de se mesurer au passage à Martin Scorsese semblait sur le papier franchement casse-gueule. Heureusement pour lui, Gabriel Julien-Laferrière nourrit une ambition plus modeste : son deuxième film, après l’inattendu "Neuilly sa mère!," ne prétend pas à la parabole – même si la critique de notre monde ultraconnecté vise juste – mais cherche avant tout à divertir. Avec un sens de l’ellipse et du montage très efficace, un amour des dialogues ciselés (coécrits avec Laurent Bénégui, l’auteur du roman), le réalisateur, en bon artisan, ne ménage pas ses efforts pour y parvenir. Il est aidé dans son entreprise de démolition par un Guillaume de Tonquédec transpirant et très crédible en Monsieur Tout-le-monde amené à se surpasser. Si l’on peut regretter un manque d’humour et un rebondissement incongru (le rapt), le message est bien reçu.