Première
par François Léger
Adoubés par Hollywood (Bad Boys for Life, Miss Marvel et Batgirl en 2023), les Belges Adil El Arbi et Bilall Fallah reviennent ici à un cinéma personnel. Parti de Molenbeek, Kamal se rend en Syrie pour venir en aide aux victimes de la guerre, mais l’État islamique prend possession du territoire et l’enrôle de force. En parallèle, les recruteurs de Daech endoctrinent son petit frère, resté en Belgique… Sujet brûlant, traité à 360 degrés par El Arbi et Fallah, qui s’intéressent à toute la chaîne alimentaire du terrorisme. Le film s’impose par sa mise en scène virtuose qui, sans démonstration de force ostensible, raconte comment le venin idéologique fait son chemin dans les têtes et les corps. Les ambitions hautement dramatiques de Rebel le rendent parfois un peu branlant - la faute à quelques dialogues scolaires et certaines interprétations deçà des enjeux - mais le duo de réalisateurs parvient à mélanger horreur totale et grand spectacle, chaos guerrier et poésie chimiquement pure. Avec une audace pas croyable, ils s’autorisent même à jouer la rupture de ton, le temps de trois superbes scènes musicales qui racontent les blessures invisibles. Pour autant, c’est l’analyse clinique de la propagande qui fascine le plus : ses facilités avec la caméra vont amener Kamal (Aboubakr Bensaihi) à réaliser des vidéos à la gloire de Daech. Plans- séquence léchés au milieu des fusillades, exécutions d’otages répétées ad nauseam : la fiction n’aura jamais approché d’aussi près les méthodes de cet Hollywood de la terreur.