- Première
Depuis quand n’avait-on vu pareille nuit filmée au cinéma ? Dès son plan séquence introductif, stupéfiant de maîtrise, Rapture fait de l’obscurité son terrain de jeu, et la questionne sous toutes ses coutures. Le jeune Kasan vit dans un petit village au le nord-est de l’Inde, terrorisé par des étrangers qu’ils accusent de kidnapping d’enfants. La peur de l’obscurité de l’enfant se confond peu à peu avec les dérives obscurantistes de certains adultes, prêts à manipuler la peur du village pour leurs desseins personnels. Parfois trop contemplatif, au détriment d’une prise en charge plus féroce des rapports (de haine) entre les groupes, le film suit méticuleusement Kasan, dans ses déplacements comme dans ses cauchemars. Et restitue alors l’expérience de cette peur primitive dont on se croyait débarrassé. En réalité, elle ne nous quitte jamais véritablement : elle prend de nouvelles formes autrement inquiétantes.
Nicolas Moreno