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Pour faire la critique de Rafiki, il faut ignorer les signaux attractifs qui obscurcissent notre jugement : le premier film kényan montré à Cannes ; par une réalisatrice née à Nairobi (formée en Angleterre et aux Etats-Unis) ; avec des actrices au charisme magnétique ; contant l’histoire d’amour entre deux lycéennes dans une société où l’homosexualité est proscrite. Il fallait que ce film existe. Mais pas dans la forme que Wanuri Kahiu lui a donnée. Parce que ses personnages semblent avoir été habillés pour un défilé de mode afropolitaine. Parce que la photo-saccarose, le montage-sitcom, les gimmicks Sundance. Parce qu’elle aligne les clichés du roman à l’eau de rose et les raccourcis sociologiques (le personnage de la commère, sommet de typification à la hache). Parce que de bonnes intentions n’ont jamais fait un bon film.