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S’il y a, dans le somptueux manga culte du Japonais Jirô Taniguchi, tous les éléments d’une histoire universelle, son adaptation au cinéma et à l’univers français tenait de la double gageure. Les premières images, où Thomas adulte s’endort dans un TGV ou vacille dans un cimetière, sont d’une beauté renversante, respectant les cadres de la BD : alternance de plans larges où le personnage déambule, minuscule, au milieu du décor, et de gros plans de visages ou de mains. La suite, empesée par la reconstitution proprette des années 60, cède plus à la facilité de la chronique ado. Comme si le passage à l’écran avait aplati le propos, qui ressemble soudain à un pitch de comédie américaine genre Big. Mais, même sans conserver le foisonnement originel, la fable trouve son chemin et, au bout du compte, l’émotion est là.
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Le réalisateur du Tango des Rachevski et d'Irina Palm a retrouvé la magie de cette aventure fantastique, prenant des libertés avec l'œuvre tout en conservant son esprit. La culture française est ici omniprésente dans les décors. Donnant corps à une France surannée à la fois étrangement familière et dépaysante. Des mélodies signées Air accompagnent cette promenade entre rêve et cauchemar où un homme redécouvre les blessures qui l'ont modelé.
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L'histoire reste, grosso modo, la même que dans le manga : Thomas, un homme mûr (Pascal Greggory, impressionnant de douceur mélancolique) se retrouve par hasard dans sa petite bourgade natale. Il s'évanouit et se réveille... dans son corps d'adolescent, quelque quarante ans plus tôt. Parviendra-t-il à empêcher son père de quitter le foyer, un soir, pour ne jamais revenir ? Le film interroge la douleur du « jamais-plus » autant que l'ivresse du souvenir. Il explore la brocante de la mémoire (un réveil, une BD, le décor d'un chambre ou d'une rue), tout en restant « à côté » du réel : ses héros ont quelque chose de somnambulique, de fantomatique. Tel ce père taciturne et adoré (Jonathan Zaccaï, poignant), qui semble déjà absent...
Comme dans Peggy Sue s'est mariée, de Coppola, remonter le temps pour comprendre et accepter veut dire aussi savourer une dernière fois la sève de la jeunesse, de tous les commencements. Dans un rôle délicat - un adulte dans un corps de môme -, le jeune Léo Legrand trouve le parfait équilibre. Lors d'une brève apparition clin d'oeil, Jirô Taniguchi sourit. Il a raison : la greffe a réussi.
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Une relecture profonde et originale de l’œuvre de Jiro Taniguhi qui révèle dans le rôle principal un jeune talent, Léo Legrand.
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Adapté d'un album du japonais Jiro Taniguchi, ce joli film fantastique parvient à sauter dans le temps et retomber sur ses pieds. Une acrobatie troublante, pleine d'humour et de nostalgie. L'eau de jouvence peut avoir un gout très amer.
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Car si le rythme du film et la musique du groupe Air distillent un onirisme trouble et ensorcelant, ils trouvent peu de répondant dans une reconstitution aseptisée du quotidien d’après-guerre et un scénario qui ne creuse ni les rapports de non-dits familiaux, ni les enjeux du voyage dans le temps.
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Resserrer l'intrigue sur la future disparition du père et la transposer (elle se déroule à la base au Japon) dans une France des années 50 trop proprette n'arrange rien. Mieux vaut donc se précipiter sur la BD.
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L'énorme défaut de ce film est qu'il escamote le charme et le mystère de ce manga. Sans doute la littéralité du cinéma ne pouvait-elle pas prendre en charge la dimension surréaliste du voyage dans le temps qu'effectuait le jeune garçon dans l'œuvre originale et qui en faisait tout le prix.
Mais alors, sans doute ne fallait-il pas faire un film. Le parti pris adopté ici, qui consiste, une fois la transformation passée, à se concentrer d'une part sur une reconstitution de la douce France des années 1960 bourrée d'accessoires vintage, dans un style qui rappelle furieusement celui du Petit Nicolas, et de l'autre sur une trame psychologique fadasse dans laquelle un adulte aux allures de petit garçon essaye d'empêcher le divorce de ses parents, est l'antithèse de l'œuvre de Taniguchi, d'un style unique qui s'incarnait notamment dans la finesse et le minimalisme du trait, dans la délicatesse aussi d'un contexte spécifiquement japonais.