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Un avertissement s’impose. Quiconque a personnellement vécu une tragédie du même genre ou s’interroge sur le bien-fondé d’une fiction consacrée à la mort d’un homme risque fort, primo, d’éprouver une insoutenable souffrance miroir, et secundo, d’exsuder un sentiment proche de la haine face au réalisme inouï de ce qu’il faut bien appeler la « reconstitution » d’une agonie. À partir de là, l’expérience que représente la vision de ce film terrible mérite, et comment !, d’être tentée. D’abord, parce que Pour lui nous venge d’un siècle entier de mélodrames obscènes et de personnages prétextes dont la maladie vaporise du jus d’oignon à la face du spectateur dans le but exclusif de lui extorquer des larmes. Ensuite, parce que son honnêteté morale, sa rigueur formelle et la dignité de son regard n'appellent aucune espèce de contestation. Enfin, parce que si on attend également du cinéma qu’il nous purge de nos angoisses, l’état de dévastation émotionnelle qui nous cueille à l’arrivée communique dans le même élan une sérénité aussi sublime que paradoxale.
Toutes les critiques de Pour lui
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Dur, frontal et fort. (...) Dresen joue sur du velours, (...), en s'attaquant bille en tête à ce sujet (...). Ici encore, il évite les facilités et les clichés pathétiques en abordant la maladie frontalement, d'entrée de jeu.
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[Pour] Andreas Dresen ne s'apitoie pas. Il filme ordinairement une mort ordinaire. Et la vie qui, déjà, reprend, qui continue. La mère ouvre une fenêtre. Il neige dehors... Tout est atroce et naturel.
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[Contre] Regarder le malheur en face, est-ce que ça veut forcément dire tout voir, tout montrer ? (...) Moche, tout ça. Comme l'image, d'une laideur terrible. Andreas Dresen enfonce le clou, qu'on ne garde surtout aucune illusion.
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Dans ce film simple et direct, l’absence de sentimentalité permet alors d’aller au plus près de cet ironique mélange de drôlerie et de douleur, de crudité et de douceur qui laisse les hommes au bord du vertige de vivre
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Drame, cancer et humour noir, (...) Pour Lui surprend par son côté doux-amer mais reste avant tout profondément humain.
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Tout ici est d'une pudeur extrême. Et d'une grande force. (...) Andreas Dresen tient son sujet jusqu'au bout et choisit l'humain plutôt que le patho (...). Mention particulière au comédien Milan Peschel, qui tient son personnage par la main jusqu'à la fin.
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Épris d'authenticité, Andreas Dresen aurait pu être documentariste; il a choisi de raconter des histoires humaines en faisant preuve d'une grande empathie pour les personnages qu'il imagine.
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La droiture d'Andreas Dresen à l'égard de son sujet balaie toute polémique sur sa complaisance, mais l'on ne se confronte pas à un tel film à la légère.
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Andreas Dresen colle de plus près à la réalité des corps et des choses (...) Ce parti pris a le mérite de la rigueur, il a l'inconvénient de constituer un spectacle presque insupportable. (...) Toujours il faut revenir à la raison d'être de "Pour lui", la contemplation de la mort.
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Une fois le film lancé, Dresen consigne l'agonie du moribond sur son disque dur et n'a plus qu'à attendre, comme nous, que celui-ci trépasse. C'est bête, c'est obscène, c'est le prix Un certain regard 2011.
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Un mélodrame bien lourd.