Première
L’une, Hayat, navigue au large des cercles polaires. L’autre, Leila, vient de mettre au monde un enfant dans le Sud de la France. Les deux femmes sont sœurs. Elles s’appellent, textotent, font des visios, se racontent leur vie, leurs émois. Se rejoignent parfois. Découvrent la glace et les couches sales, les compromis et les empêchements. Elles sont reliées par le même destin maudit (« Je suis la fille d’une camée et le père d’un inconnu », dit Hayat). Le documentaire, présenté à l’ACID de Cannes en 2022, dessine deux portraits de femme en lutte vers la beauté et la consolation. C’est doux, lumineux, sororal et magnifiquement filmé (entre plans fixes d’ensemble, focus sur les mains au travail, visages à fleur de peau). Contemplatif sans être illustratif, pudique sans être silencieux. L’on finit par se faire cueillir par l’émotion. Serait-ce la tendresse ?
Estelle Aubin