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Voilà déjà 12 ans qu’on était sans nouvelle d’Hubert Bonnisseur de la Bath ! Inutile donc de dire notre attente avant de le retrouver, après Le Caire et Rio, en 1981 alors que la France s’apprête, à son grand dam, à virer à gauche. Pour cette mission en Françafrique, il se retrouve de plus contraint de faire équipe avec un jeune collègue 0SS 1001, très fan de lui avant de comprendre la vraie nature du personnage, chez qui élégance, haute estime de soi et géniale bouffonnerie ne font qu’un. Hazanavicius ayant décidé de ne pas rempiler, Nicolas Bedos lui succède. L’élégance de sa mise en scène n’est jamais prise en défaut pas plus que la composition impeccable de Jean Dujardin et sa complicité avec le rookie Pierre Niney. Et pourtant quelque chose cloche. Le fait que le scénario semble faire suivre chaque vanne audacieuse ou gonflée sur l’Afrique et les Africains par une scène qui ressemble à une justification ou une excuse. Tout l’inverse des deux premiers volets qui affrontaient les questions du racisme et de l’antisémitisme par la seule arme de l’absurde, sans se soucier du quand dira t’on. Est- ce la volonté de ne pas bégayer ? Est-ce l’époque qui a changé et conduit à s’auto- censurer pour ne pas crouler sous les polémiques ou le bad buzz ? Alerte rouge en Afrique noire avance en tout cas avec un frein à main. Le résultat n’est en rien désagréable mais en- deçà du film qu’on avait espéré. Dans cette même famille de comédie décapante, absurde et cruelle, Tout simplement noir avait offert l’an passé une pertinente impertinence ici par trop corsetée.