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Si le charme du film, fameux mélange d’évidence et de maladresse, rejoue l’éphémère qu’il érige en ars poetica, s’évaporant dans d’embarrassants fossés dès lors qu’il s’égare de son dispositif, il n’en demeure pas moins à célébrer -mais à célébrer dans un murmure, tout comme le clapotis de l’eau en vient parfois à effacer la logorrhée des vivants.
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C'est toute la mise en scène de Vecchiali, avec ses jeux de lumière formidables, qui suggère les palpitations du coeur, les élans et l'aboulie, les espoirs fous et les désillusions cuisantes.
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Tourné avec un appareil photo numérique (et un iPhone pour les rares séquences diurnes), ce film épouse, au moyen de splendides clairs-obscurs, les mouvements contrastés de l'âme des personnages. S'inspirant des "Nuits blanches" de Dostoïevski, l'auteur cisèle la nuit, à la manière d'un orfèvre.
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Le cinéma, dépouillé ici de ses effets jusqu’à l’os, ne cesse d’advenir : impur éblouissement d’un mirage d’aurore dans la nuit.
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C’est le dispositif à la fois rigoureux et souple mis en place par Vecchiali, sa mise en scène à première vue sommaire, minimaliste, et finalement très subtile qui permet à ses acteurs d’atteindre à l’écran une telle intensité de présence.
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Le vieux maître Paul Vecchiali revient et parvient, malgré des moyens réduits, à nous proposer une adaptation très originale, dépaysante et aussi émouvante d’une nouvelle de Dostoïevski.