-
Le sujet est aussi essentiel que complexe à embrasser. Comment parler de la condition de la femme en Afghanistan sans enfoncer des portes ouvertes ou verser dans le pur registre émotionnel ? Michaela Pavlátová fait un sort à tous ces obstacles, avec un film (son premier long) à l’animation élégante - empreinte d’une douceur qui contraste idéalement avec la violence des situations - et au scénario d’une richesse d’autant plus frappante que tout tient en seulement 80 minutes. L’adaptation d’un livre de Petra Procházková qui y racontait sa propre expérience. L’action débute en 2001. Nara, une jeune Tchèque décide par amour de tout quitter pour suivre celui qui deviendra son mari et s’installer à Kaboul. Un changement de vie radical qui la met aux premières loges de l’enfer angoissant, constituant le quotidien de ce pays. Sauf que comme l’indique son titre, ce film ne se construit pas sur son seul point de vue mais sur ceux de l’ensemble des membres de cette famille, dans laquelle elle va peu à peu trouver sa place. Des personnages écrits tout en nuances, contradictions voire ambiguïtés, loin de tout manichéisme. Michaela Pavlátová ne se place jamais en juge ou procureur. Elle épouse au plus près les situations vécues par ses personnages, n’hésitant pas ainsi à glisser des moments de légèreté dans cette ambiance oppressante, échappatoires indispensables pour ne pas sombrer. Tendu jusqu’à sa dernière image, Ma famille afghane parle à tous les publics sans jamais que cette pédagogie ne vienne rien simplifier ou abimer. La nuance est cœur de cette anti- démonstration de force.