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Katy est une productrice télé prête à tout pour obtenir l’émission qui fera exploser l’audimat. Elle décide alors de lancer un nouveau show de télé-réalité basée sur la roulette russe. Ceci c’est Live ! qui comme son nom l’indique va montrer un « suicide » en direct. A l’heure où la télé-réalité est omniprésente dans la culture, Bill Guttentag ne pouvait pas mieux choisir son sujet. Même si le pari était risqué, cette satire du voyeurisme lié à la mort d’autrui est tout simplement une réussite. On a beau la détester et être outrer en voyant le comportement du personnage d’Eva Mendes, on ne peut s’empêcher d’être pris au piège à notre tour et de regarder avec une curiosité sadique jusqu’où sont prêts à aller ces candidats pour 5 millions de dollars. Eva Mendes vampirise l’écran, mais laisse aussi la part belle au reste du casting. Live ! apporte un véritable regard critique sur cette engouement pour les reality show. Le principe du documentaire dans le film ne gâche en rien l’aspect viscéral de ce-dernier, car adepte ou non de télé-réalité on ne sort pas indemne de Live !
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Si la question de surface est bien « Mais jusqu’où ira la télé réalité ? » le fond du film est bien plus dérangeant. C’est notre facilité à sacrifier notre humanité pour une minute de gloire qui est en cause. Même si la réalisation façon faux documentaire est parfois maladroite, elle ajoute à l’effet choc du film. On assiste impuissants à la mise en route d’une émission meurtrière et le malaise devient palpable au fur et à mesure que l’on se prend au jeu. Et là où le génie d’Eva Mendes éclate au grand jour c’est lorsque nous réalisons notre incapacité à détester cette productrice aux dents longues foncièrement pas plus mauvaise que nous. De même que nous constatons avec horreur comment machinalement nous prenons partie pour certain candidats. Vous pensiez être quelqu’un de bien? Attention au réveil.
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Plus que la charge contre la télé-réalité, c'est le portrait étonnamment peu caricatural d'une jeune femme arriviste et cynique, mais diablement humaine et séduisante, qui retient l'intérêt. Eva Mendes (qu'on a adorée récemment dans La nuit nous appartient) est quasiment de tous les plans, dans une performance à la limite du one-woman-show. Elle donne à son personnage peu recommandable une malice et une opacité déroutantes, en fait une sorte de pirate des ondes, sans foi ni loi mais non sans passion. Le pur produit d'une société de la réussite à tout prix, mais aussi quelque chose (le panache, la fougue) d'une aventurière, dévoyée par son époque. A voir, donc, pour elle.
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Dans la lignée des thrillers visionnaires comme Network (1977) de Lumet et Le prix du danger (1983) de Boisset, le palpitant Live!, en compétition au dernier festival de Deauville, remplit haut la main sa mission de divertissement en épinglant avec lucidité teintée d'ironie les dérives de la télé-réalisté, le voyeurisme et le sensationnalisme, la course à l'Audimat, l'obsession de la célébrité et de l'argent.
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La position morale du film (à laquelle il paraît facile d'adhérer) empêche visiblement le film de trouver un ton. Est-il burlesque ? Dans ce cas, il faut regretter la rareté des gags et des situations comiques ? Est-il sérieux ? Ne se veut-il qu'une anticipation crédible du devenir de la télévision ? Dans ce cas, il emploie un recours au pathétique qui relève largement de ce qu'il entend dénoncer. Cette impossibilité de choisir le ton juste édulcore et aseptise gravement le propos du film de Bill Guttentag.
Live!