Première
par Frédéric Foubert
Dans une ancienne ville minière d’Ossétie du Nord, Ada, la vingtaine, tourne en rond. Elle est coincée, engluée dans un monde sans horizon, circonscrit par la route en bas de chez elle, où vrombissent des camions du matin au soir, les montagnes qui bouchent le ciel au loin, et ce petit appartement où son père, ses frangins et elle passent leur temps à se marcher dessus. Au cœur de son histoire, il y a un traumatisme enfoui, un secret que le film va s’employer à mettre à jour. Kira Kovalenko, 32 ans, ancienne élève d’Alexandre Sokourov, invente avec cette Ada une sorte de petite cousine caucasienne de la Wanda de Barbara Loden. Le parti-pris du mutisme et de l’opacité manque parfois de se retourner contre le film, mais est transcendé par la maestria topographique de la réalisatrice, sa manière très puissante de décrire un petit bout de territoire comme une prison à ciel ouvert.