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Beaucoup de critiques avaient comparé Alyah, le premier long d’Elie Wajeman, à du James Gray, et c’est encore une fois à l’homme de The Yards qu’on pense en voyant Les Anarchistes. De la même façon que Gray redimensionne des classiques monumentaux du cinéma (Le Parrain, Rocco et ses frères) pour les faire tenir dans des "deux pièces cuisine" du Queens ou de Brooklyn, Wajeman s’empare ici d’un chefd’œuvre de Martin Ritt (Traître sur commande, 1970) et le réinvente dans des salons parisiens exigus et des cafés blafards. L’intrigue est très proche de celle de Ritt (un flic se lie d’amitié avec des révoltés), le contexte aussi (le Paris de 1899 versus la Pennsylvanie des années 1870). C’est une référence énorme, écrasante. Les moustaches de Tahar Rahim et de Swann Arlaud remplacent celles de Richard Harris et de Sean Connery. Ça ne devrait pas marcher. Et pourtant si, grâce à des dialogues incroyablement élégants (balancés avec un naturel fou par un casting qui tue), et cette étrange photo bleu nuit, qui saisit une ville claustro et endormie. Assumant ses fixettes US jusqu’au bout en les étayant par des obsessions françaises (politiques, historiques, romantiques, littéraires), voici un petit film qui voit grand, très grand, et il aurait tort de se gêner.
Toutes les critiques de Les Anarchistes
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Adèle Exarchopoulos, Guillaume Gouix, Tahar Rahim, ils sont tous formidables de fébrilité (...) On ressort de ce film, non pas avec l'envie d'aller foutre le feu à la banque du coin (encore que...), mais plutôt avec celle d'aimer passionnément quelqu'un. A la vie, à la mort !
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Minutieusement cadrés, suivis, portés par la mise en scène toujours précise et signifiante d’Elie Wajeman, Judith y déclame une lettre vibrante adressée à un opresseur politique, (...) Elisée a des formules de poète nourri à "l’Idéal" et se dispute avec Eugène qui préfère les verbes d’action.
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Adèle Exarchopoulos trouve un beau rôle de femme libre dans cette chronique ancrée dans la réalité politique de 1899 où elle s’éprend d’un flic infiltré dans son mouvement libertaire, incarné par Tahar Rahim.
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Dans une mise en scène élégante et lancinante, Élie Wajeman (Alyah) fait preuve d’un sens du cadre aiguisé et privilégie les plans serrés sur les visages, comme pour sonder les âmes de ses personnages secrets.
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Cette histoire est bien servie par de jeunes acteurs brillants (...) Là où le bat blesse, c’est dans la reconstitution d’époque, avec ses teintes sépia, ses décors et costumes rétro qui figent parfois le film dans le chromo et l’empêche de décoller dans les hauteurs souhaitées. Pour un thème tel que l’anarchie, le style de Wajeman est bien sage, policé, conforme, et ne renverse aucunement l’art du cinéma.
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Le film, assez maladroit par endroits, doit avant tout à son très beau duo d'acteurs
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(...) un film qui manque parfois de souffle, mais propice à la reconstitution d’une époque et d’une pensée.
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Dans une image aux teintes bleutées, Elie Wajeman livre un film d’époque aux intonations personnelles, mais le classicisme de sa réalisation déconcerte au regard de son sujet.
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Le film reste étrangement sage en dépit de son sujet, figé dans une apesanteur bleutée et hivernale qui convient bien à la figure mélancolique d’Elisée Mayer.
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S'il n'est pas le film que l'on attendait, "Les Anarchistes" comporte néanmoins suffisamment de qualités pour faire passer la pilule et force est de reconnaître qu'il ne s'est pas attaqué à un sujet et à un genre faciles à produire en France. Et, à ce titre, il mérite qu'on l'encourage.
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Le film reste à la surface des choses et ne parvient à dépeindre ni l'époque, ni le milieu (...) La mise en scène est élégante, mais cette façon de jouer un peu trop "à l'auteur" est énervante.
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L'interprète de La Vie d'Adèle et l'acteur d'Un prophète, unis par une passion hors la loi au milieu d'une chasse à l'homme rétro : voilà une belle promesse de cinéma, et elle est joliment tenue.
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Mais la tension de cette dialectique fidélité/trahison et le lyrisme suggéré par le thème de l’anarchisme (on pense à la chanson de Léo Ferré) sont élimés par une reconstitution d’époque timide et naphtalinée (on dirait parfois un Germinal fauché)
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Le réalisateur traduit bien les nuances et les différentes manières d’être libertaire.
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(...) les personnages, mus par leur besoin d’appartenir à une famille, sont ici plus romantiques que révolutionnaires. Un parti pris intéressant mais le long-métrage eut gagné en force avec un soupçon de contextualisation politico-sociale supplémentaire.
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Le scénario pèche par excès de narration, reléguant au second plan ce qui fait la singularité de ces anarchistes (...) Il y avait bel et bien la matière pour un film passionnant. Malheureusement, le compte n’y est pas.
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Un film maladroit à la mise en scène trop sage. Décevant
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Le second film d’Élie Wajeman ressemble plus au laborieux pilote d’une mini-série Canal + abandonnée en cours de route qu’à la fresque intimiste promise.
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(...) les intentions des auteurs demeurent assez énigmatiques, comme noyées par le flot de péripéties, sans que l’ensemble cesse pour autant d’être plaisant à suivre, grâce à ses interprètes et à une reconstitution soignée.
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On est rarement séduits au cours du film par des caractères incroyables, exubérants, brillants. En somme, la difficulté de Wajeman à retranscrire la liberté de ce groupe nous empêche d’accrocher à son scénario, d’être attirés comme Albertini par ses personnalités grisâtres.