Toutes les critiques de Le cerf-volant

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Loin de ces films communautaires où le cinéma sert la défense d'une idée ou d'un combat, "Le Cerf-Volant" est une histoire de frontières. Au coeur d'Israël et de la guerre des territoires, une belle jeune fille passe à l'âge adulte…
    Il est de ces petits films qui défendent une vision communautariste du monde et utilisent le cinéma comme un outil de communication. Généralement, on les voit arriver de loin et on s'en méfie. Entre autre financé par le Ministère français des Affaires Etrangères, Le Cerf-Volant aurait pu être un film de plus sur l'horreur de la guerre et la difficulté de vivre au Moyen-Orient. Bien au contraire, Le Cerf-Volant est un film qui propose, parfois de manière un peu naïve, une réflexion sur la frontière. Ses images marquent suffisamment pour qu'on garde un bon souvenir de cette fiction, par ailleurs récompensée par le Lion d'Argent à Venise.Lamia a 16 ans. Elle vit dans un village coupé en deux depuis quelques années par un no-man's land, une frontière large de quelques centaines de mètres, gardée par des miradors et entourée de barbelés. Séparées, les familles prennent des nouvelles les unes des autres par mégaphone, inondant du même coup les collines avoisinantes d'un climat d'étrange et paradoxale intimité. Brutales irruptions dans le calme campagnard, ce partage d'un quotidien banal par hauts parleurs interposés témoigne de manière sous-jacente de la violence de la guerre et des irrémédiables séparations qu'elle induit. Ici, un village de montagne du Sud-Liban, où les femmes restent à la cuisine, les jeunes filles ignorent tout de la sexualité, et où les enfants jouent au Cerf-Volant. En face, Israël, pays occidentalisé, riche, urbain, pourvu en télévision, baskets, gameboy et piscine. Là-bas vit le cousin à qui on a promis de donner Lamia en mariage, dès qu'elle aura atteint la puberté. La jeune fille et sa meilleure amie en viennent presque à rêver d'être annexées.Majestueusement interprétée par Flavia Bechara qui fait ici ses débuts, Lamia charme par sa simplicité énigmatique. Quittant l'enfance pour l'âge adulte, en plein questionnement, elle cherche sa place. Métaphore d'un peuple subissant la force militaire entre révolte sous-jacente et acceptation contrainte, elle grandit au gré de ses choix plus ou moins assumés. Posté là par hasard, le garde-frontière, pantin de cette situation rocambolesque, rêve parfois tout haut que ce monde soit délivré grâce à ce sourire. Fleur bleue, un peu "on vous le dit", mais vraiment pas négligeable. Certains pourront dénoncer l'enthousiasme primaire et une vision parfois à l'eau de rose, mais il faut bien reconnaître à ce film une propension à emprunter les chemins de traverses d'une absurdité pleine de poésie.Le Cerf-Volant
    Réalisation et Scénario : Randa Chahal Sabbag
    Avec : Flavia Béchara (Lamia) - Ziad Rahbani (Ziad)
    Sortie nationale le 18 février 2004[Illustration : Pyramide Films]
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