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En 2014, Le Garçon et le monde triomphait au Festival d'Annecy en déployant un imaginaire singulier, un kaléidoscope sensoriel censé évoquer la vision chaotique que peut avoir un gamin de son environnement extérieur. Avec Le Secret des Perlims, Alê Abreu semble opérer un changement de style radical, en racontant l'odyssée de Claé et Bruô, agents secrets des Royaumes du Soleil et de la Lune, chargés d'espionner l'armée des Géants partis conquérir leur Forêt magique... Une odyssée en forme de conte de science-fiction, dont le flat design, les couleurs primaires, le script apparemment balisé et les trouvailles charmantes ne doivent pas vous tromper : Abreu sait parfaitement où il nous emmène, vers un twist final qui confirme le ton résolument écolo et antimilitariste de l'ensemble. Un parti pris qui est indissociable du simple plaisir visuel et narratif que procure Le Secret des Perlims. Là où un gros studio aurait joué sur les possibilités offertes par les contraires incarnés par les deux petits héros (le Soleil et la Lune, le jour et la nuit, etc.) afin d'en faire une ode à l'amitié, le film parvient à dépasser cette simple dynamique de buddy movie animé pour servir un véritable propos politique, mais oui. On rédige cette critique au moment où est dévoilée la bande-annonce un brin convenue d'Elémentaire, le Pixar de 2023, ou l'histoire d'amour d'une femme-feu et d'un homme-eau (la tagline : « les opposés s'attirent ») : même si on ne devrait pas parler sans avoir vu, on se permet de douter qu'Elémentaire parvienne au même niveau que Le Secret des Perlims.