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Peut- on être plus ancré dans l’actualité ? Le nouveau Diastème (co- écrit avec le duo Davet- Lhomme, auteurs d’Un Président ne devrait pas dire ça… sur François Hollande et du Traître et le néant sur Emmanuel Macron) débute peu avant le premier tour de l’élection présidentielle. La Présidente - qui a choisi de ne pas se représenter – apprend par son Secrétaire Général qu’entre les deux tours un scandale lancé par un site d’information… russe va éclabousser son successeur désigné et propulser à l’Elysée le candidat de la droite extrême. Le Monde d’hier raconte les trois jours qui peuvent changer la donne avec en filigrane la question centrale de jusqu’où aller dans l’illégalité pour contrecarrer cette ingérence extérieure. Ici la mise en scène discrète (pas de caméra à l’épaule, prépondérance du champ- contre- champ) donne naissance à un huis clos étouffant qui fait la part belle à ses personnages et donc à ses interprètes. Des premiers (Léa Drucker et Denis Podalydès) aux seconds (Benjamin Biolay en Premier Ministre, Thierry Godard en possible futur Chef de l’Etat) rôles, le résultat tient du sans- faute et joue un rôle essentiel dans l’ambiance de thriller tendu et mélancolique qui sous- tend le récit. Entre un monde ancien qui se meurt (dans tous les sens du terme pour une Présidente malade) et l’angoisse d’un saut vers l’inconnu. Chaque face-à- face entre ses protagonistes est un régal de jeu et de partie d’échecs dont nul ne sait qui sortira vainqueur et ce que chacun a en tête. Ce film qui assume son classicisme tient en haleine jusqu’à son dernier plan.