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Composé comme une partition musicale, le film se rythme d’éclats de voix, de gestes croisés et d’élans désordonnés. Littéralement positionné sur deux plans différents, Markus et Nathalie ne parviennent presque jamais à s’accorder. En arrière plan, la talentueuse Emilie Simon relie et soutient le lyrisme de ces actes manqués. Une bande originale que l’on croirait presque cousue pour le film (et qui l’est d’ailleurs partiellement) tellement la symbiose est parfaite. La caméra, fluide, glissante, et presque complice de cette histoire d’amour en devenir, ajoute encore plus de douceur. De même, la lumière naturelle, faite de demi-teintes et d’angles indirectes, caresse avec élégance les visages de ces deux rescapés de la vie. Comme pour mieux les laisser prendre leur temps. Car ici, le cadre et le décor ont toujours une longueur d’avance sur le couple. Paris se met alors à leur jouer des tours, allumant les lumières de laTour Eiffel dans le dos de Nathalie le temps d’une balade nocturne sur les quais de seine. Un phénomène qui fait sourire mais aussi très souvent rire, la fuite de Markus abandonnant Nathalie et détalant à toutes jambes face à l’évidence du chagrin d’amour reste assurément l’un de plus grands moments du film. Ajoutons à cela des dialogues savoureux (’’mais à quoi vous jouez sous vos airs de dépressif tombé de votre Suède’’, ou encore ’’je pourrais partir en vacances avec vos cheveux’’) et l’on obtient un humour décalé et dévastateur. Le contraste s’accentue d’autant plus que la construction de l’espace est aux antipodes du romantisme, la majeure partie de l’action se déroulant dans les pièces froides, rectilignes et impersonelles de l’entreprise scandinave. Et pourtant, entre les piles de dossiers et les bureaux Ikea naît une idylle de cinéma. L’esprit du livre, restitué par le jeu de nombreux subterfuges narratifs (utilisation de la voix-off des personnages pour la narration, ellipses temporelles par le biais des changements saisonniers) et mélange des tons (comédie, drame, lyrisme), offre au romantisme cinématographique un nouvel angle de vue, celui de l’étrangeté ’’condiment nécéssaire de toute beauté’’ (Baudelaire). Et si l’on devait résumer le film en une phrase, peut être vaudrait-il mieux laisser la parole à ceux qui en possèdent déjà les mots : "La délicatesse c’est une histoire simple éclairée par des moments de folies et des météorites de fantaisie’’.
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Malgré quelques maladresses somme toute logiques pour un premier film, La Délicatesse tient ses promesses. L'improbable duo François Damiens / Audrey Tautou fonctionne.
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En portant à l'écran son best-seller - avec son frère comme coréalisateur -, David Foenkinos n'évite pas quelques maladresses : une coquetterie par-ci, une gaucherie par-là. On les lui pardonne tant il s'attache à contredire avec finesse, scène après scène, cette phrase que tout le monde a entendue un jour en présentant à ses amis l'élu(e) de son coeur : « Tu mérites mieux ! » Or non : l'amour est inattendu, improbable. Et même indiscutable quand le type « banal » a l'humour tendrement burlesque d'un François Damiens. Il n'a qu'à dire « Je pourrais partir en vacances dans vos cheveux » à Audrey Tautou (délicieuse petite boule de chagrin qui se débride) pour faire mentir tous les incrédules..
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Cette adaptation du roman éponyme est légère comme un baiser volé.
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Le récit et la mise en scène oscillent entre la comédie un peu appuyée, les notations très fines (qui tiennent souvent à la précision du jeu d'Audrey Tautou et François Damiens) et les élans sentimentaux.
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Avec son frère Stéphane, directeur de casting, le romancier a adapté cette histoire d’amour entre une cadre de haut vol (Audrey Tautou), marquée par la disparition subite de son mari, et l’un de ses subordonnés, Markus (François Damiens), Suédois à contrecœur, gentil jusqu’au fond des yeux et abonné aux pulls improbables.
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Si, de la page à l’écran, le style Foenkinos a perdu en originalité au profit d’une mise en scène assez classique, cette drôle d’histoire d’amour est sublimée par son couple de comédiens, Audrey Tautou et François Damiens.
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Les deux réalisateurs ont trouvé en François Damiens un parfait interprète pour leur amoureux surprenant. Ce qui déçoit en revanche, c'est la mise en scène trop illustrative
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par Philippe Rouyer
Toutes les critiques de La délicatesse
Les critiques de la Presse
David Foenkinos a relevé le pari d’adapter lui-même son roman à succès, en collaboration avec son frère. La voix off, très présente au début et à la fin, rappelle les origines littéraires de la trame, tout en se réclamant de Truffaut. Mais il faut reconnaître aux auteurs la volonté d’avoir cherché à réinventer le livre à l’écran en jouant sur les couleurs, l’univers musical d’Émilie Simon et l’interprétation d’Audrey Tautou et de François Damiens, comme toujours très inspiré. Si, malgré tous ces efforts, cette Délicatesse n’échappe pas à une certaine mollesse, c’est sans doute faute d’avoir réussi à capter la vie. Dans un monde où tout paraît fabriqué et intentionnel – y compris le beige des pulls du héros –, les personnages ont du mal à s’incarner pour nous toucher.
Une question passionnante (l’amour, c’est pas rationnel et c’est plus fort que tout) qui ne décollera jamais du niveau d’une discussion de fin de marché avec Mme Michu. On se demande surtout, avec une certaine gêne, ce que vient faire la délicatesse dans cette histoire balourde et mesquine racontée sans la moindre grâce.
Ça commence très mal, par un suffocant worst off?? de comédies romantiques à la française: trop-plein de métaphores sucrées, de stylisme niais, mal fagoté. Jusqu’à l’arrivée de François Damiens vingt minutes plus tard, lequel, par sa carcasse spongieuse et sa manière inimitable de jongler entre la drague de crooner et le malaise de célibataire houellebecquien, parvient sans effort à galvaniser l’historiette. Le film lui doit sa délicatesse.
Audrey Tautou et François Damiens ont beau exceller dans leur partition respective, il est difficile de croire à leur idylle.