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Quarante-cinq ans après le scandale déclenché par l’adaptation de Jacques Rivette (Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot), Guillaume Nicloux s’approprie à son tour l’oeuvre anticléricale du philosophe en la traduisant comme un réquisitoire contre l’atteinte à la liberté. Connaissant le passé du réalisateur, fasciné par les codes du polar, les atmosphères glauques et les personnages hors normes (le génial Une affaire privée), on s'attendait à une rencontre explosive. Et là, surprise : contre toute attente, Nicloux signe un film assez sage sur un sujet – la lutte contre l’enfermement et l’aliénation – qui aurait réclamé la rage, le trouble et l'effroi du cinéma de Ken Russell (Les Diables). On peut louer le parti pris du traitement ascétique et le sérieux immuable du réalisateur, qui préfère la lucidité nue à l’émotion feinte, mais on peut également trouver qu’il manque de flamme et de rythme pour rendre convulsive cette descente aux enfers. Surtout, pendant plus d’une heure, on est surpris que La Religieuse ait aussi peu d'épiphanies malgré toutes les qualités d’exécution déployées. Du moins le pense-t-on avant le dernier tiers du film et l’apparition de la mère supérieure, interprétée par Isabelle Huppert, dont les comportements envers la jeune Suzanne (Pauline Etienne), à la fois horrifiants et gaguesques, font basculer l’ensemble vers la farce mélodramatique façon Dans les ténèbres, de Pedro Almodóvar. On goûtera ou non ce virage selon sa sensibilité, mais au moins, on sera bousculé.
Toutes les critiques de La Religieuse
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le réalisateur évite avec pertinence de stigmatiser le dolorisme du fond. Côté forme, la mise en scène est des plus élégantes, et gageons que le spectateur gardera bien après la projection quelques séquences impressionnantes en tête…Pauline Etienne est d’une belle évidence dans le personnage principal. Et dans les rôles des mères supérieures, l’humaine Françoise Lebrun, la surprenante Louise Bourgoin et la toujours remarquable Isabelle Hupper, nous emportent définitivement.
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Une réussite plastique, tout d'abord, qui mêle lumière et textures pour créer un sentiment physique du froid (...). Surtout, une interprétation remarquable : jamais on n'a le sentiment d'un film en costumes tant les acteurs sont justes, et les personnages bien campés.
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Le classicisme du récit et des musique qui le porte, la sobriété des couleurs et des décors servent avec efficacité ce projet simple du réalisateur : raconter, au coeur d'une époque de servitude sociale, l'histoire d'une jeune femme brûlant de liberté.
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Cette nouvelle adaptation du roman scandaleux de Diderot plonge dans les zones d’ombre des couvents avec rigueur, sans faire appel au voyeurisme. Sa dénonciation n’en est que plus efficace et radicale.
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Le ton juste et réaliste est en adéquation avec la société d'aujourd'hui. Louise Bourgoin, mère supérieure sadique, et Isabelle Huppert, agitée par ses pulsions sexuelles, surprennent et finissent par s'imposer. Refusant une surdramatisation du roman de Diderot, Nicloux laisse parler les faits et signe une belle adaptation dépouillée, rejetant les artifices jusqu'à l'austère : éclairage à la bougie, actrices pas maquillées... Mais qui résonne également d'une grande modernité.
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Avec grâce. Le cinéma, comme Dieu, n'exclut pas des révélations. C'est très rare, mais cela arrive, une actrice Pauline Etienne, qui mue sous nos yeux avec son rôle, transcendée, habitée, crevant l'écran.
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La religieuse, loin de l’œuvre austère et froide que l’on pourrait subodorer, se révèle être un film à la fois subversif et dérangeant et une véritable ode au libre-arbitre et à la liberté de choix, surtout celui de croire en Dieu ou non.
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Au XVIIIe siècle, le combat d'une jeune fille de 16 ans contrainte de porter l'habit religieux et qui fait tout pour fuir le couvent. Cinquante ans après Jacques Rivette, Guillaume Nicloux adapte de nouveau le roman de Diderot. Une ode à la liberté lumineuse pour un film alliant grâce et pure révolte.
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ce drame de l'enfermement est transcendé par son héroïne, Pauline Etienne, décidée à conquérir la liberté dont son siècle la prive.
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Guillaume Nicloux tire le portrait d'une novice de 16 ans qui sera victime de tortures par deux mères supérieures. Si Louise Bourgoin et Isabelle Huppert surjouent ces nonnes siphonnées, Pauline Etienne est l'incarnation parfaite de l'agneau sacrifié sur l'autel des convictions sociales du XVIIIe siècle. Une révélation.
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(...) Cette adaptation est fidèle et digne. Rien à reprocher à ce travail, qui pourrait être le meilleur film de son auteur. On reconnaîtra également la valeur intemporelle de ce pamphlet en apparence anticlérical, véritable ode à la liberté triomphant de l'obscurantisme.
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À la beauté formelle du film qui tend vers l'épure s'ajoute l'intensité du jeu de toutes les comédiennes, à commencer par Pauline Étienne dont la présence miraculeuse illumine l'écran. Elle est une Suzanne Simonin pleine de grâce, de dignité et de révolte malgré son chemin de croix.
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Nicloux décline le calvaire d’une jeune fille tricarde qui se paye l’audace de clamer tout haut sa soif de liberté (respectueux, à la fin près, du texte initial). Et peint à charge la hiérarchie ecclésiastique (supérieures malfaisantes ou lesbiennes cernées d’une cour de favorites). A la mauvaise querelle en « académisme » qu’on lui intente déjà, on se contentera de rétorquer que de l’académisme comme celui-là…
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Après plusieurs films mineurs, Nicloux retrouve l'inspiration via ce classique de Diderot où une jeune fille (Pauline Étienne, saisissante), contrainte à vivre dans un couvent, tente de s'échapper pour survivre à une hiérarchie ecclésiastique étouffante. Sa mise en scène énergique lui permet de fuir le film attendu sur l'enfermement pour raconter, à l'inverse, une quête - intemporelle - de liberté.
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Cette ode à la liberté et au libre-arbitre a gommé la charge contre les institutions religieuse de Diderot au profit du portrait d'une héroïne sage qui apprend à se rebeller. Si on déplore le côté trop lisse d'un ensemble dont le mordant s'est émoussé, la performance de Pauline Etienne emporte le morceau en faisant prendre fait et cause pour cette nonne malgré elle.
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Pour raconter ce destin, Nicloux a opté pour un style sobre, épure bressono-pialatienne pour aller vite, ligne claire d’où se détachent la folie de l’enfermement conventuel et la puissance de résistance de Suzanne. Ce bel écrin est habité par des comédiennes à intensité maximale : Bourgoin dans un contre-emploi terrifiant de marâtre psychorigide (ou de séduisante salope), Huppert en Mère sentimentalement écorchée (à la lisière du comique), Lebrun dont le visage s’impose tranquillement. Au milieu de ces stars, trône la benjamine Pauline Étienne, petite flamèche qui refuse obstinément de s’éteindre, dans une performance du genre à tatouer une carrière. Moins radicalement désespérée que chez Rivette, plus proche de Diderot, la fin est très belle.
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Guillaume Nicloux livre un film convenu, joliment illustré mais sans nuances, ni grande subtilité.
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Presque un demi-siècle après Jacques Rivette, Guillaume Nicloux s'empare du texte de Diderot et fait de Suzanne Simonin (Pauline Etienne) une héroïne entreprenante, détruisant ainsi l'édifice dramatique sur lequel son film repose.
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Cette adaptation du fameux roman de Diderot, signé d'un réalisateur inattendu dans cet exercice, apporte au combat pour sa liberté d'une religieuse malgré elle une densité charnelle, bien servie par une distribution dont l'eclectisme se révèle pertinent.
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Au final, aussi classique dans sa réalisation que dans le prétexte de son synopsis, ‘La Religieuse’ parvient quand même à tirer son épingle du jeu, rien qu’en tournant autour de son réjouissant quatuor de comédiennes. Et là, on se dit que, finalement, ça lui fait un point commun avec ‘Spring Breakers’… Ce à quoi on ne s’attendait pas vraiment !
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La Religieuse », c'est bien sûr celle de Diderot, et la réussite du film est d'en faire entendre très naturellement quelques phrases. Les acteurs emploient des imparfaits du subjonctif,sans préciosité ni emphase vive Françoise Lebrun, comédienne trop rare. Ce soin n'est pas toujours de mise à l'image. Certes, l'éclairage comme à la bougie est somptueux. Mais l'attention se relâche à cause d'un sentiment d'arbitraire. Pourquoi la caméra se pose-t-elle sur tel visage, quelle abandonne soudain au milieu dune phrase ?
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Guillaume Nicloux adapte libre ment le roman de Diderot. Son film conserve un classicisme visuel et séduit par l’interprétation de Pauline Etienne qui porte, avec une belle énergie,
ce plaidoyer pour la liberté. « Le monde a besoin de gens comme vous », dit le curé à Suzanne. -
La Religieuse version 2013 ne vaut pas complètement une messe. Respectable, mais frustrant, le film aligne sagement les scènes explicites et réserve de façon trop mécanique des morceaux de bravoure à ses « grandes » actrices (Bourgoin, Huppert) aux prises avec de « grands » seconds rôles. Conséquence : on observe respectueusement la cérémonie, mais on ne communie pas.
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C'est drôle, fantasque et inclassable, comme une relecture vague de Very Bad Trip au féminin. Et pourtant tout à fait recommandable.
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Récit d’un calvaire où l’on croise une mère supérieure tyrannique (Louise Bourgoin) et une religieuse amoureuse (Isabelle Huppert, joliment décalée), ce film adapté du roman de Denis Diderot démarre assez mollement, mais s’anime salutairement en fonction des personnages croisés.
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Guillaume Nicloux choisit d’adapter La Religieuse de Diderot, qui relate les malheurs infligés à Suzanne Simonin, jeune fille enrôlée de force dans les ordres. Après Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont la semaine dernière (présenté lui aussi au festival de Berlin), Nicloux s’attache à un personnage privé de sa liberté d’agir, mais avec une application besogneuse et académique.
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Guillaume Nicloux propose une nouvelle adaptation de l'œuvre de Diderot en axant plus sur l'enfermement de l'héroïne et l'atteinte à sa liberté que sur la charge anticléricale. Hélas, en voulant faire de la "nunsploitation" propre et auteurisante, loin des brûlots cradingues des années 70 signés Ken Russell ("Les diables") ou Walerian Borowczyk ("Intérieur d'un couvent"), il n'offre qu'un traitement scolaire dépourvu de passion, d'émotion et de rythme. On ne retiendra qu'Isabelle Huppert, impériale en mère supérieure maboule, amenant un peu de vie et de folie à cette adaptation compassée.
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(...) malgré les efforts du réalisateur Guillaume Nicloux, il n'y a pas besoin de beaucoup de perspicacité pour se rendre compte que l'objet fait toc. (...) "La religieuse" finit par rester sur l'estomac.
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A force de déférence écrasée et de piété poussiéreuse, Nicloux ne tire de sa "Religieuse" qu'une imagerie sulpicienne de plus.
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Une adaptation un peu trop sage du romans de Diderot par Guillaume Nicloux.