Première
par Didier Roth-Bettoni
C’est un conte romantique et naïf que signe Philippe Garrel pour son vingt-huitième film. Une histoire en noir et blanc d’amour après la mort, de larmes, de jalousie, de désespoir, de miroirs, de corps séparés et qui s’appellent. Ces corps, ce sont ceux d’une actrice dépressive (Laura Smet) et d’un photographe, devenu son éphémère amant (Louis Garrel). Ce sont eux qu’il faut regarder dans leur harmonie et leurs déchirements plutôt que d’écouter les sentences maladroites et pompeuses que le scénario leur fait prononcer. Car oui, le film, hué à Cannes par une partie de la salle, est toujours à la frontière entre le sublime (la photo magnifique, la poésie fantastique, la belle tension entre les deux acteurs) et le ridicule (les dialogues, certaines situations extrêmes, les dernières séquences). Et s’il tombe finalement du mauvais côté, rien n’effacera pourtant les fulgurances et la passion cinéphile qui convoque les fantômes de Murnau, de Cocteau et de quelques autres du même acabit.