Première
Trente ans après avoir subi des abus sexuels commis par le curé de son village, Emmanuel se rend à la gendarmerie, il fait une déposition. Il dédouble l’acte d’un documentaire, tel un moyen trouvé pour confronter le monde à ce qu’il s’est passé dans son enfance : ses propres souvenirs avec les imprécisions qu’ils peuvent contenir, sa famille, la procédure pénale… Chacun des échanges entre Emmanuel et son père, de prime abord convaincu de l’innocence de l’homme d’Eglise, s’y révèle à ce titre particulièrement poignant. Si la forme du film ne convainc pas toujours, l’essentiel se situe ici ailleurs : dans la nécessité pour cet homme de brandir la caméra comme une arme capable d’enregistrer des preuves irréfutables. Et dans ses meilleures instants, le film se mute alors en une sorte d’enquête sur sa propre vie, la manière dont il a réussi à continuer de vivre malgré l’inimaginable.
Nicolas Moreno