Première
par Christophe Narbonne
Le docteur Lawrence a soudainement disparu. Le directeur de l’établissement psychiatrique, Toby Green, décide d’interroger Michael, patient instable et dernier à avoir vu Lawrence. Malgré les avertissements de l’infirmière en chef, Green se laisse piéger par les propos manipulateurs du jeune interné.
Présenté à Toronto en 2014, ce film présente un double intérêt. Il confirme d’une part que Xavier Dolan est un acteur sous-estimé (par lui-même pour commencer) dans le sens où il y a quelque chose à la fois d’enfantin et d’ambigu dans son jeu, ce qu’ambitionne tout comédien. Ces qualités naturelles deviennent des défauts quand il n’est pas bien dirigé : ici, il a parfois tendance à surjouer le sarcasme de son personnage avec force grimaces qui le rendent plus risible qu’inquiétant. Vers la fin, lorsque le huis-clos manipulateur vire à la tragédie existentielle, il est nettement plus convaincant en endossant pour de bon le costume de ce Michael dont on découvre l’homme derrière le masque. Il se trouve que les thèmes du film (les non-dits dévastateurs, les dysfonctionnements familiaux, la mort qui rôde, le traitement théâtral étouffant…) sont au cœur de Juste la fin du monde, le nouveau Dolan, présenté à Cannes. À se demander si le prodige québécois n’a pas été « inspiré » par le dispositif de mise en scène –un peu trop sage- de Charles Binamé qu’il a de son côté exploité jusqu’à l’abstraction. Mais ceci est évidemment une autre histoire. C.N.