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C’est une affaire qui a impacté en profondeur la société espagnole, devenue aujourd’hui une des plus actives en Europe pour la défense des droits des femmes. L’histoire de Nevenka Fernández, élue à la fin des années 90 à 25 ans conseillère municipale auprès d’Ismael Alvarez, un maire très charismatique, auprès duquel, après une brève liaison, elle va vivre l’enfer sur fond d’harcèlement. Sa parole à elle valant alors, dans ce premier cas de #MeToo politique du pays, bien moins que celle de l’édile. En s’emparant de cette affaire, Iciar Bollain entend redonner la parole à la victime qui eut à l’époque une majorité de l’opinion publique contre elle. Et c’est pourquoi la fiction – qui permet de vivre ce récit avec elle – paraît en effet la meilleure manière de s’en emparer, donnant à voir des moments qui n’auraient pas pu exister en documentaire, faute d’archives. Actrice dans Land and freedom, Bollain (Même la pluie) a développé comme réalisatrice un cinéma engagé en prise avec la société. Sans effet de manche, la forme étant toujours au service du fond. Et c’est tout l’espace et le temps qu’elle laisse à ses personnages qui se révèle ici payant et empêche de réduire Nevenka ou Alvarez (incarnés par les bluffants Mirelia Oriol et Urko Olazabal) des archétypes. L’aspect programmatique assumé du film en constitue un autre atout majeur, rappelant que dans ces affaires, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets aux mêmes moments sous le regard de ceux qui pensent que les femmes victimes l’ont bien cherché. Un film implacable et glaçant.