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On a tendance à l’oublier mais avant son exploration du monde du travail avec La Loi du marché, En guerre et Un autre monde, Stéphane Brizé a commencé par parler d’amour. Dans Le Bleu des villes, son premier long en 1999, suivi de Je ne suis pas là pour être aimé, Entre adultes et Mademoiselle Chambon, qui lui a valu son seul César à ce jour. Avec Hors saison, co- écrit par Marie Drucker, il renoue donc avec les origines de son cinéma, dans un geste d’un romantisme pur, car vécu dans la peau et dans la tête de ses deux personnages principaux. Un homme (comédien en vue qui, après avoir planté une pièce de théâtre, vient se ressourcer en thalasso) et une femme qui se sont aimé quinze ans plus tôt puis séparés et perdus de vue avant que le destin ne les réunisse de nouveau dans ce petit coin de Bretagne. Accompagné par la BO d’un Vincent Delerm très inspiré, Brizé filme cette passion endormie qui peu à peu ressurgit malgré eux – car ils sont, chacun, en couple - avec une sensibilité qui n’a d’égal que la précision du regard amoureux qu’il porte sur ses deux comédiens, laissant leurs silences, leurs regards, leurs peaux rougissantes en dire plus que mille mots. Guillaume Canet a certes déjà joué des doubles de lui- même dans Rock n’roll et Lui mais jamais depuis des années, il n’était apparu aussi lumineux, aussi à nu devant la caméra d’un réalisateur. Et face à lui, les mots manquent pour qualifier l’interprétation si juste, si précise, si dépouillée, si profonde d’Alba Rohrwacher. Ce film, c’est avant tout le leur. Celui de leur alchimie renversante.