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Auteur du remarqué Voyage à Mendoza, road-movie tragicomique en Argentine, Edouard Deluc poursuit dans la veine périple avec ce biopic du célèbre précurseur de l’art moderne dont il raconte l’exil en Polynésie, à la fin du 19ème siècle. Las du parisiannisme et de son entre-soi, Gauguin rallia l’autre bout du monde pour, croyait-il, se ressourcer et donner un nouvel élan à son art. Sur place, il fut surtout confronté à la maladie et la misère, tout juste adoucies par son mariage tribal avec une beauté locale. À la façon de Pialat dans Van Gogh, Deluc traque l’animal taciturne et solitaire derrière l’homme et l’homme derrière l’artiste pour élucider le mystère de la création, fruit de l’intuition, de l’immanence et d’un oubli de soi pouvant mener à sa propre perte. Le résultat, entre ultra réalisme convaincant et contemplation un peu vaine, vaut avant tout pour la prestation hors normes de Vincent Cassel, amaigri et vieilli, qui parvient à rendre concrète la solitude abyssale de l’artiste.