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À Cannes, où le film a beaucoup divisé, il a surtout été question de son aspect « trip psychédélique » : sa représentation des effets de la drogue et du vagabondage d’un esprit dans les limbes. Il faut dire que c’était l’extraordinaire pari formel de cette entreprise démesurée et que, sur ce terrain, Noé enfonce tous ses prédécesseurs, sauf bien sûr le Kubrick de 2001 : L’Odyssée de l’espace et Kenneth Anger, dont il est le digne héritier. Mais ses incroyables envolées de caméra dans les ciels nippons, qui passent entre les murs d’immeubles high-tech et de bouges sordides pour capter la désespérance de coïts frénétiques, transcendent l’exercice de style. (...) Entre l’image obsédante des verts paradis enfantins et la lumière que le héros traque au bout d’un tunnel de souffrances, le film nous renvoie à nos propres interrogations existentielles. On peut rejeter son imaginaire flamboyant transpercé par les fulgurances sonores de Thomas Bangalter, mais Noé atteint ici la quintessence de son art.
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Il [Gaspar Noé] revient avec cette errance hallucinatoire, relativement attendue tant Irréversible avait été un choc visuel, moral, sentimental et même formel. Huit ans plus tard, que reste-t-il du réalisateur sulfureux et inspiré ? Rien ! Redevenu ado à peine pubère en plein bad trip comme son personnage principal, mené par ses pulsions sexuelles ou destructrices, il se pose des questions anodines sur la mort sans dépasser le constat qu’on ignore tout de l’« après » et que tout devient alors affaire de croyance. Quelle nouvelle ! (...) En multipliant les pseudo prouesses techniques et les mauvaises idées de mise en scène, Noé réduit constamment l’intérêt de son film à son seul trip de réalisateur. L’ensemble est tellement creux qu’il a éprouvé le besoin de répéter à l’envi et avec un plaisir sadique évident les mêmes scènes, éparpillant son récit sur des pistes divergentes sans résonance entre elles. Inutile de continuer à s’acharner sur un film arrogant et interminable, prêt depuis presque un an mais qui ne sort qu’aujourd’hui en salle. Son titre français a longtemps été Soudain le vide. Très pertinent, en effet.
Toutes les critiques de Enter the Void
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Soudain le vide pourrait être au cinéma ce que La Monte Young ou Terry Riley furent à la musique. Une épopée majestueuse, psychédélique, cyclique et... interminable.
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Les jeux de lumière stroboscopiques brouillent la notion du temps du spectateur, l'hypnotisent, jusqu'à le plonger dans une expérience cinématographique sur la défonce, le cul, la teuf, les sentiments. Dans une sorte de 2001, L'odyssée du fantasme. Oui, quelle claque !
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(...) un long ovni expérimental hanté par les obsessions propres à Gaspar Noé, à savoir la défonce, le cul et la mort. (...) C'est toute la force d'Enter The Void que de concilier à la fois la volonté de représentation frontale et réaliste de Noé, sa fascination pour les expériences borderlines, son indéniable tendance à la provocation et l'excès, et ses questionnements existentiels qui n'ont au final rien d'intellectuel, mais tout d'humain.
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A coups d'effets numériques jamais vus, de plans séquences aussi vertigineux qu'inspirés et de jeux de lumières stroboscopiques dont il a le secret, Noé parle de mort sans oublier la vie, d'effacement de la conscience sans oublier celle qui arrive, de haine sans zapper l'amour, de tristesse sans ignorer le bonheur. Tout ça dans un maelström d'images folles s'enchaînant les unes aux autres où drogues, sexe, musique, trépas, malheur et souvenirs se mêlent dans une immense envolée spirituelle totalement unique.
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Pas tout à fait réussi jusqu'au bout, mais Gaspar Noé prend des risques comme personne.
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Si le discours est toujours un peu adolescent, l'expérience, pour peu qu'on s'y prête, offre un vrai grand moment de cinéma. Et le sentiment d'être projeté dans un flipper géant : pas si courant...
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Il y aurait mille raisons de détester ce film aveuglant, assourdissant et vraiment très long. Si on lui pardonne cependant les traumatismes qu'il fait subir à nos yeux et à nos oreilles, c'est pour la bonne cause d'une expérience cinématographique passionnante. Car on ne peut pas accuser Gaspar Noé d'utiliser des recettes éculées !
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On passe de l'infiniment grand (images sidérantes et irréelles de Tokyo vu de haut rappelant une maquette montrée plusieurs fois), à l'infiniment petit, au microscopique, voire l'endoscopique : fameux gros plan d'un sexe pénétrant un vagin qui avait fait jaser à Cannes. Si Noé s'enferme un peu trop dans son procédé durant la dernière partie, il fait aussi preuve d'une cohérence infaillible. Et jusqu'à ce tour de force, un peu idiot, il travaille à sa quête d'un cinéma sensitif et fractal aboutissant ici au ventre maternel (le « vide » du titre ; et référence à 2001). Certainement pas l'horizon le plus excitant, mais toujours cette nature primitive, la recherche d'un amour indicible, pur, par-delà la morale, cherchant à filmer des sensations originelles. On peut juger de ses limites, mais Noé va au bout de son truc.
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Personne n’a oublié le crapoteux plan-séquence d’Irréversible où Monica Bellucci se faisait violer, et le spectateur emprisonner ; cette fois, si l’horizon paraît toujours aussi nuageux (incestes, accidents, chair triste, gynécologie…), Gaspar Noé nous propose de l’arpenter tranquillement, sans se presser, l’œil torve et le cerbère tenu en laisse.
A titre d’exemple, la vision d’un fœtus avorté produit ici infiniment moins d’effroi que dans 4 mois, 3 semaines, 2 jours…
Film aux beautés paradoxales, Enter the Void se présente ainsi comme le plus probant manifeste d’un cinéaste qui a trouvé dans la petite enfance les ressources pour, à sa façon, devenir adulte. -
Tout autant hué qu'encensé à Cannes l'an dernier, Enter the Void est un expérience psychédélique traumatisante à souhait. Le réalisateur d'Irréversible plonge directement son public dans la tête d'un dealer camé jusqu'aux oreilles et bientôt abattu par la police. (...) Gaspar Noé propose une alternative excitante à une production formatée. Ne serait-ce que pour cela, cet auteur brillant mérite le total respect.
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Mais autant l’avouer, nous avons toujours eu un faible pour ce cinéaste qui laisse exploser sur la pellicule ses pulsions noires refoulées. Le cinéma est le seul vecteur qui lui permette cela car Noé est un esthète avant d’être un penseur, et c’est ce qui lui est le plus souvent reproché. (...) La caméra tisse des liens, rapprochent les êtres même dans la souffrance et la mort, jusqu’au final (que nous tairons) empreint d’une grande beauté naïve et qui peut s’apparenter à une sorte de happy end, à la Gaspard Noé certes, mais un happy end tout de même.
Comme tous les films de l’enfant terrible du cinéma français, il est délicat de recommander Enter the void, surtout aux âmes sensibles. Mais l’expérience, qu’elle soit bonne ou mauvaise selon les goûts, vaut la peine d’être vécue. Se mettre en danger reste l’une des libertés fondamentales du spectateur. Et il doit en user. -
(...) passée cette première heure exaltante, le film s'essouffle. C'est trop. Noé finit par succomber à ses envies de provocation, franchement assommantes, et insiste lourdement sur ses délires hallucinatoires.
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Cette impression de flottement permanente et le systématisme des transitions, où l'esprit de notre camé est happé par les lumières de Tokyo pour ne faire qu'un avec des flashs psyché kaléidoscopiques, deviennent rapidement insupportables. Enter the Void est une expérience de cinéma. Elle aurait certainement gagné en impact en format court de 25 minutes, étant donné ses grandes faiblesses de scénario.
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Le regard de Noé sur la vacuité de l'existence bouleversera ou irritera.
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Filmée en caméra subjective, l’errance d’Oscar se nourrit de scènes de sexe très crues, de séquences sanglantes parfois difficilement soutenables, dans un univers de néons aux teintes criardes, d’effets spéciaux de kaléidoscope, et sur fond de musique electro répétitive. On aime ou pas ces partis pris décapants. Le réalisateur de l’excellent « Irréversible » se distingue en tout cas par sa singularité.
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Il manque à Enter the Void une substance qui serait plus légitime que celles qu'absorbe son héros. Dans cet univers déréglé et incertain, tout ce qui court souterrainement est infiniment plus trivial que les images déroutantes et fascinantes qui en font l'apparence. Il y a, comme dans Irréversible, cette manie détestable de caractériser la bassesse à travers l'homosexualité (l'abjection du trafiquant qui mène Oscar à sa perte est signifiée par son amour des jeunes hommes) et une volonté potache de provocation. A cet égard, la dernière séquence qui mène à la réincarnation d'Oscar est à la fois drôle (une scène hardcore filmée sous un angle très certainement inédit) et navrante, puisqu'elle dissipe à force d'outrance l'effet hypnotique que cette rêverie chimique a pu entraîner.
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Un voyage hypnotique qui tient de l’expérience sensorielle. On peut lui reprocher son caractère répétitif (pour les visions psychédéliques) et sa longueur (2h30). Il faut sans doute accepter de lâcher prise pour s’embarquer dans ce trip cinématographique.
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Enter the void se pose en rêverie planante et conceptuelle mais on n'y voit que le dispositif obèse d'une grue qui tourne en rond comme un gros bourdon groggy, se saoulant de néant et s'abrutissant de son incapacité tragique à toute invention.
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Expérimentateur génial mais provocateur puéril, il se perd dans son grand huit hallucinatoire où s’entremêlent chocs traumatiques, Œdipe mal digéré et fantasmes sexuels. Ressasse les mêmes gimmicks visuels. Et finit par diluer la beauté psychotrope de son film-trip qui, avec plus de coupes et moins de complaisance, aurait fait date.
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S'il cherche moins à choquer que dans Irréversible, le cinéma de Gaspar Noé reste plombé par le décalage entre une forme virtuose, sinon révolutionnaire, et un discours franchement idiot sur la famille, la vie, la mort et la réincarnation. Pour passer le temps - la plaisanterie dure tout de même deux heures et demie -, amusez-vous à deviner dans quel trou la caméra volante de Gaspar Noé va finir par plonger. Cuvette des WC, bouche d'égout ou vagin, vous avez le choix.