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Les films où les personnages échangent leurs corps constituent un sous-genre qui n’a jamais fait florès. Pour un Freaky Friday et un Dans la peau de John Malkovich, combien de nanars tombés dans l’oubli ou directement sortis en vidéo ? C’est dire si l’on n’attendait rien de cet Échange standard... Le générique aurait pourtant dû nous alerter, David Dobkin (Serial noceurs), Leslie Mann (Madame Judd Apatow à la ville) et Jason Bateman (le meilleur supporting actor actuel) présentant quelques garanties. De fait, ils assurent le job et masquent certaines carences, dont la plus évidente est la prestation de Ryan Reynolds, moins à l’aise dans la comédie depuis sa mutation récente en action man. Il force les grimaces, tout comme le réalisateur force sur le trash pour, in fine, condamner les comportements régressifs, ce qui relève de la plus parfaite hypocrisie. La première heure du film sauve néanmoins l’ensemble de la banalité.
Toutes les critiques de Echange standard
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sur le thème de l'échange des corps, maintes fois explorés, David Dobkin multiplie les gags potaches dans cette honnête comédie servie par deux comédiens visiblement heureux d'en être.
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La petite expérience de chimie aurait pu fonctionner si Dobkin n'avait pas opter pour un humour qui tâche à la limite de la vulgarité impardonnable (on reconnaît la touche à l'équipe de Very Bad Trip en coulisses) - et pour Ryan Reynolds avec sa tête de crétin en forme de poireau. Mais le plus ennuyeux n'est pas tellement dans le ton, plus cru que d'ordinaire pour les standards de la comédie US. Ni dans le casting, sauvé par Olivia Wilde et Leslie Mann, géniale dans le rôle de l'épouse délaissée. Il est dans son puritanisme inavoué que voudrait masquer son coté sulfureux. Le film n'ose jamais vraiment, alors qu'il amorce des pistes, aller vers des zones plus ambiguës quant au fait d'habiter le corps de l'autre, de vivre avec ses mains ou son visage et surtout son sexe. Il tenait pourtant là l'ultime gap homoérotique de la bromance. Mais c'était sans doute aller trop loin. Dobkin fait donc volte face, in extremis, et jamais ses personnages ne vont franchir l'inavouable : oser coucher avec la femme du pote ou la tromper avec le corps de l'autre. Le glissement ne doit pas avoir lieu, tout doit rentrer dans l'ordre et la famille retrouver son règne, inaltéré, renforcé. Le mariage et la famille ne sont pas toujours une partie de plaisir (et le film s'amuse à en faire le générique), mais c'est tout ce qui compte. Politique, tradition et sentiments, Dobkin a choisi son camp, le même que toute la nouvelle comédie américaine. Le libertinage peut-être, mais pour les autres.
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ÉCHANGE STANDARD s’inscrit donc dans un style de films qu’Harold Ramis aurait pu réaliser dans les années 80, sans en atteindre le panache. En revanche, il n’aurait pas le dixième de son immense charme sans ses deux acteurs excellant dans l’art de l’air con et du timing au cordeau. À ça, il faut rajouter une poignée de gags sales et drôles.
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Apatow, avec En cloque, mode d'emploi, avait réuni les deux schémas dans un même film où le couple marié se délitait doucement tandis qu'un autre n'arrivait pas à se faire. Comédies qui n'ont de romantique que le nom, elles délèguent désormais les atermoiements du cœur, les airs sentimentaux chuchotées du bout des lèvres, au pays de l'adolescence, aux films dont Michael Cera est le héros.
Celui qui fut son père dans l'excellente Arrested development, Jason Bateman, se débat dans Echange standard avec un donjuanisme chétif. Pendant ce temps, son épouse-groupie n'a qu'une aspiration : pouvoir évoluer dans la haute présence de son homme chéri, être honorée parfois de quelque geste attentionné. Olivia Wilde, la tentatrice, complète ce duo féminin de maman et de putain. Dave qui aura appris une bonne leçon reviendra finalement à la maison pour gratifier madame de sa présence scintillante ; c'est sinistre. Family man (Brett Ratner, 2000) racontait une histoire très similaire avec une certaine grâce, une vraie conviction et, surtout, avec Nicolas Cage. Déréalisé, outrancier, le film de David Dobkin n'arrive pas à la cheville de son Serial noceurs de 2005. Depuis lors, le couple hollywoodien semble s'être crispé et avec lui les comédies qui se révèlent toujours plus terrifiées par leur extérieur, par ce qu'elles ne montrent pas, qu'elles évoquent seulement, furtivement et de très loin : le quotidien. -
Grosse comédie high concept et sans surprise: Dave est un père de famille responsable; son meilleur ami Mitch, un célibataire insouciant. Chacun rêve d’avoir la vie de l’autre. Ils vont être exaucés… L’idée donne le tournis. Dommage que le film ne sorte pas de son petit programme cousu de fil blanc: après quelques péripéties, les deux compères réintégreront bien gentiment leurs corps respectifs en ayant compris que leur vie, finalement, n’est pas si mal.
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Si dans sa seconde partie, Echange Standard laisse entrapercevoir une certaine sensibilité, le réalisateur de Sérial noceurs reste beaucoup trop obnubilé à nous faire rire, sans y parvenir, avec ce mélange de sexe, d’alcool et d’humour pipi-caca. Dans une distribution loin d’être inoubliable, Leslie Mann (Funny People) surnage comme elle peut. En attendant de la retrouver dans la nouvelle comédie de Judd Apatow, l’actrice fétiche du réalisateur d’En cloque mode d’emploi tente de donner un peu de profondeur à son personnage. Le film, lui, n’en a tout simplement aucune.
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Barbotant au milieu des thématiques d'Apatow, Dobkin cumule les situations crapoteuses et parvient à dresser un portrait aussi mesquin de ses personnages féminins que masculins. Misère.