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Desierto Adentro, malgré son excellente qualité, est un film à réserver donc à un public averti, amateur de glauqueries et d'anti-cléricalisme féroces.
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Les inventions surréalistes donnaient chez Buñuel un impact poétique en même temps qu'un dynamitage de la religion par la dérision. Dans Desierto adentro, la poésie - nimbée d'un réalisme magique à la Gabriel Garcia Marquez - surgit grâce à des tableaux naïfs qui s'animent, reproduisant l'esthétique des ex-voto.
Cette quête de rédemption qui vire à la folie est le premier film qu'entreprit Rodrigo Pla. Il le tourna durant sept semaines, puis réalisa La Zona pendant que des dessinateurs se chargeaient de la mise au point des ex-voto. A l'issue de ces élaborations simultanées, La Zona (la traque d'un petit délinquant par les habitants d'un quartier riche et leurs vigiles, allégorie du repli sécuritaire) sortit avant Desierto adentro.
L'heure est venue de découvrir Desierto adentro, son souffle visuel, sa tension romanesque. Cet ancrage chez Rodrigo Pla du thème de la culpabilité. -
Avec délicatesse et pudeur, le cinéaste met en scène un formidable casting juvénile et dévoile l’amour incestueux entre le jeune dernier au seuil de l’adolescence et de sa sœur, folle de désirs et de frustrations. Cet amour contre nature, du moins aux yeux de Dieu (la société des hommes, quasi absente du film ne pouvant servir de repère), devient humainement légitime. Il rend le discours de Desierto Adentro, qui réclame métaphoriquement la mort du père pour pouvoir s’absoudre de la culture du péché, encore plus poignant. Et plus insupportable encore dans sa peinture de vies injustement gâchées, car elles n’ont pas su s’ériger contre l’autorité patriarcale (celle du père, mais aussi de Dieu, ou du moins de son idée).
Au final, Rodrigo Pla confirme avec cette œuvre sublime, tournée parallèlement à La Zona, toute l’intensité de son cinéma et pare notre expérience cinématographique d’un nouveau jalon poétique et émotionnel. L’un des plus beaux de cette année cinéma 2010. -
Rodrigo Plá échoue à enraciner son récit dans le contexte historique et politique de l'époque : cette guerre des Cristeros qui opposa, de 1926 à 1929, la paysannerie catholique à l'Etat, alors très antireligieux, est évoquée de manière floue, puis escamotée, comme un simple prétexte. Quant à la dénonciation, qui se veut intemporelle, du fanatisme religieux, elle est ruinée par un style oscillant entre naturalisme plat et onirisme de pacotille.
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Il faudrait être aveugle pour ne pas percuter la métaphore sur l'aveuglement intrinsèque à l'extrémisme religieux, tant Pla la martèle à chaque plan, la redoublant par le titre (« Désert intérieur »), et par une citation de Nietzsche en guise de coda philosophique - « Le désert grandit : malheur à celui qui recèle un désert » -, et l'enveloppant dans une esthétique saturée de symboles spirituels : le ciel sous toutes ses coutures météorologiques. Découpé en quatre chapitres aux titres bibliques (la faute, la pénitence, le signe, le pardon... qui ne vient jamais), annoncés par une voix-off sermonneuse sur des plans-vitraux, Desierto Adentro fonctionne comme une mécanique froide et redondante, au détachement cruel, et au tragique prévisible.
Au même titre que la liaison incestueuse entre deux de ses enfants, le repentir d'Elias fait office de moteur narratif « spectaculaire » : les scènes de mortifications, de violence et de folie sont égrenées paresseusement par le réalisateur qui tente vainement de les enrober dans un écrin poétique estampillé « réalisme magique à la Marquez » (disgracieuse animation en stop-motion), faisant office de cache-misère, sans que jamais un personnage ne se distingue, une émotion n'affleure.
Desierto Adentro