Toutes les critiques de Désaccord Parfait

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Un vieux réalisateur cabot et une star capricieuse se retrouvent à Londres pour une remise de prix trente ans après une séparation douloureuse… Pour Antoine de Caunes, anglophile adepte de slapstick et de nonsense, le Royaume-Uni représente une terra pas vraiment incognita. On attendait donc le meilleur de sa part pour sa première comédie. Mais hormis une scène de repas d’une excentricité toute british et une dernière partie où une réelle émotion se substitue à des ressorts comiques usés, le film déçoit.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    On s'en doutait : la « génération Canal » n'aura pas laissé grand-chose. Pourtant, parmi ces comiques des plus ambitieux, Antoine de Caunes persévère au cinéma avec son troisième film, Désaccord parfait. Une comédie sentimentale simili british sur le temps qui passe, finalement plus lourde que légère et vulgaire que classe. L'ex-bouffon de la télé tente encore de s'acheter une légitimité, mais c'est mal barré.
    - Désaccord parfait en images : la galerie photos
    - vos impressions ? discutez du film Désaccord parfait sur le forum cinémaAvant d'être le titre du nouveau film d'Antoine de Caunes, Désaccord parfait était celui d'un recueil de textes signé Philippe Muray et publié dans la collection Tel chez Gallimard. Décédé début 2006, on regrette Muray et ses descriptions odieuses mais justes de notre modernité. L'essayiste était drôle, son adaptateur beaucoup moins - et c'est tout le problème, aucun autre rapport que ce film ne les liant entre eux. Peut-on dire alors rétrospectivement que l'ancien bouffon télévisuel de Canal + ne doit sa célébrité qu'au fait d'avoir eu la chance d'être là au bon moment ? Et qu'il a profité d'une tendance décomplexée, tolérant tous les excès qu'une télévision jusqu'alors encore un peu figée attendait secrètement ? Possible. Peut-être bien en effet que le talent d'Antoine de Caunes est un immense malentendu purement conjoncturel.N'ayant pas beaucoup d'autres aptitudes que ses déguisements ayant fait rire une insouciante génération qui, après Les Nuls, en voulait toujours plus (surtout dans la vulgarité), Antoine de Caunes s'est donc trouvé un peu mal lorsqu'il fallut arrêter de jouer au con. Comme il avait aussi fait l'acteur - souvent mal, une fois bien (chez Claude Chabrol, dans Au coeur du mensonge en 1999)-, notre ex-clown s'est dit que finalement le cinéma, c'était son truc. Tant qu'à faire, il faut bien recommencer sa vie. Seulement une casquette de cinéaste, ça ne s'achète pas, même si c'est la mode. Bilan: depuis le début, le réalisateur de Caunes rame, s'essayant à tout et à rien : au polar fantastique avec une adaptation ridicule des Morsures de l'aube, au film historique vide et ronflant avec Monsieur N, et aujourd'hui à la comédie. On aurait pu dire pourquoi pas, histoire de lui laisser une dernière chance. Seulement la comédie, c'est justement ce qu'il y a de plus difficile à réussir.Tout le problème de Désaccord parfait est ainsi contenu dans son auteur : comment monter une comédie légère lorsqu'on a fait rire lourdement, voire grassement, la France entière pendant des années. Pas facile. Là encore, la finesse dans l'écriture, l'équilibre et la dynamique des situations, l'originalité des scènes et leur mise en image, la direction des acteurs et la présence de leurs personnages, c'est une question de talent qu'on a, ou pas. Evidemment Antoine de Caunes, qui n'est ni Blake Edwards ni Woody Allen ou encore moins Richard Quine, n'en a pas une once. Tout dans ces retrouvailles de trente ans passés, entre un Jean Rochefort et une Charlotte Rampling jouant aux ex-amants en terre britannique (le film se déroule à Londres), tombe à plat. Entre la volonté excessive de s'armer de légèreté pour justifier la relative gravité des situations, la banalité ou la caricature des personnages secondaires, la pesanteur de certains gags récurrents (le chien qui ronfle souffrant de flatulences), l'idylle sentimentale forcée sur fond de libido du troisième âge, et la petite évocation du temps qui passe, rien ne marche.D'où l'énorme malentendu du film et de son réalisateur qui, en cherchant l'exil, a espéré trouver de facto une touche, une ambiance, un humour, que le film n'atteint jamais. Plus proche parfois de Benny Hill que des comédies sentimentales british avec Hugh Grant, Désaccord parfait est pavé d'intentions naïves qui, tout en tentant de briguer la comédie populaire, essaie de s'acheter une légitimité d'auteur. Mais ce film jamais dans le ton, filmé avec une absence totale d'idées de mise en scène, avec un Jean Rochefort faisant tout pour sauver la situation alors qu'il est limite au bout du rouleau, ennuie ferme. Plus vulgaire que classe, lourd que léger, ridicule que subtile, gênant que drôle, le nouveau film d'Antoine de Caunes est encore une fois à son image. Incapable de sortir de sa cellule cathodique malgré toute son agitation, le bouffon essaie de devenir roi. Malheureusement la réalité est beaucoup plus cruelle que ça.Mais rassurez-vous, le pire est à venir. Antoine de Caunes promet d'adapter la candidature de Coluche aux présidentielles de 1981. Franchement, ça craint.Désaccord parfait
    Réalisé par Antoine de Caunes
    Avec Jean Rochefort, Charlotte Rampling, Isabelle Nanty
    France, 2006 - 91 mn
    Sortie en France : 8 novembre 2006[Illustrations : © Gaumont Columbia Tristar Films]
    Sur Flu :
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    - Lire la chronique de Monsieur N, 2003
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