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par Christophe Narbonne
Toutes les critiques de Des hommes
Les critiques de la Presse
Ca commence comme dans un mauvais téléfilm : une réunion d’anniversaire dans une salle des fêtes communale est perturbée par l’arrivée du pochtron local. Gérard Depardieu vitupère, bouscule, puis est expulsé par quatre hommes, scène paresseusement montée au ralenti pour mieux en montrer la violence. Ce Bernard terrorise ensuite, chez elle, une famille d’origine arabe. Flash-back. On retrouve Bernard, jeune appelé en Algérie à l’époque des « événements ». Taiseux, attentiste, il assiste, sans y participer mais sans les dénoncer non plus, aux actes répréhensibles de certains de ses camarades. Les horreurs de la guerre s’insinuent dans cet esprit faible, épris de religion mais incapable d’empathie. N’a-t-il pas traité sa sœur mourante de « salope » après qu’elle a accouché d’un enfant illégitime ? L’Algérie aura fini de briser cet homme fragile qui se reconstruira par la violence et la haine, seul moyen pour lui de survivre, mais à quel prix. En adaptant le roman de Laurent Mauvignier, Lucas Belvaux signe un film profond qui va à rebours de notre époque consensuelle en s’intéressant aux conséquences du stress post- traumatique chez les soldats français mais aussi chez les Harkis, les oubliés perpétuels de l’Histoire. Pas de contrechamp sur le camp d’en face mais des réflexions du type « Si j’avais été algérien, j’aurais sans doute été un fellaga » témoignent d’une humanité déboussolée et, au- delà, du caractère universel de l’angoisse existentielle et du désespoir en temps de guerre.