Première
par Nicolas Schaller
Pour son impressionnante première fiction, Julia Loktev crée une tension implacable en travaillant sur la durée et en se focalisant sur des actions purement fonctionnelles et apparemment anodines qui, dans un tel contexte, prennent une tout autre dimension. À travers le parcours de ce petit bout de femme aux airs enfantins (stupéfiante Luisa Williams) dont on ne sait rien, ni du passé ni des motivations, se fait jour une mécanique effrayante. Un fascinant rituel sacrificiel où le sujet est progressivement dépossédé de son identité pour ne devenir qu’un corps anonyme et destructeur. Avec sa sécheresse dramatique, sa caméra viscéralement collée à sa protagoniste et son travail conceptuel sur le son, Day Night Day Night inscrit sa réalisatrice dans la lignée d’un Lodge Kerrigan (Keane, 05).