Toutes les critiques de Another Year

Les critiques de Première

  1. Première
    par Emilie Lefort

    Another Year, c'est une année dans la vie de Tom et Gerry, couple de sexagénaire heureux mais entouré de bras cassés. A l'image de Mary interprétée par Lesley Manville, parfaite dans le rôle d'une quinqua paumée et portée sur la bouteille. Sans scénario et avec une mise en scène théâtrale, Mike Leigh laisse ses acteurs prendre possession du film. Cette année passée à leur côté s'écoule même un peu trop vite malgré ses 2h09. Entre une douce mélancolie et quelques touches d'humour pince sans rire "so british", Another Year c'est peut-être un prix d'interprétation féminine à Cannes pour Lesley Manville... du moins on lui souhaite très fort !

  2. Première
    par Philippe Rouyer

    Comment rendre captivante une chronique articulée autour d’un couple paisible proche de la retraite ? C’est la force du cinéma de Mike Leigh, qui a reçu la Palme d’or à Cannes en 1996 pour le bouleversant Secrets et Mensonges, que de faire chavirer les coeurs pour les destins de gens ordinaires. Pour lui, nul n’est ennuyeux, que ce soit le clochard philosophe de Naked ou l’institutrice fofolle de Be Happy. Son cinéma rappelle que nous sommes tous les héros de nos vies et qu’elles pourraient intéresser le monde entier si elles étaient racontées dans toute leur complexité. Pour
    preuve, l’extraordinaire séquence d’ouverture au cours de laquelle Imelda Staunton, déjà inoubliable dans Vera Drake, parvient à rendre déchirant son personnage de prolétaire usée par une vie de routine et d’obligations. (...) La composition du film sur une année, du printemps à l’hiver, permet la répétition des situations tout en enregistrant l’évolution de ce petit monde. Car, au fi l des saisons, la lumière, magnifiée par la photo picturale de Dick Pope, porte un éclairage différent sur les personnages. (...) Mike Leigh ne juge pas. Il parle de la difficulté de faire face à soi-même et aux autres à mesure que nous vieillissons. Il n’a pas de solution miracle mais brasse des émotions que nous avons tous ressenties. C’est pourquoi Another Year, chef-d’oeuvre de la maturité, nous touche quel que soit notre âge.

Les critiques de la Presse

  1. A voir à lire
    par Gérard Crespo

    Cette chronique des quatre saisons dans la vie d’une famille réunit tous ses thèmes et dose avec brio rire et émotion. Ruth Sheen et surtout Lesley Manville en copine à la masse pourraient décrocher un prix d’interprétation.

  2. Positif
    par Vincent Thabourey

    Sous son apparent classicisme, Another Year est une oeuvre exigeante et obstinée qui défie en permanence le matériau feuilletonesque dont elle s'inspire...

  3. Brazil
    par Johan Girard

    Que les hôtes de Tom et Gerri recherchent l'âme soeur ou juste un peu de réconfort, qu'ils rient à gorges déployées ou pleurent à chaudes l'armes, chaque seconde qui s'écoule à l'écran est d'une justesse absolue.

  4. StudioCiné Live
    par Thierry Chèze

    (...) malgré la bonne humeur qui règne dans cet antre supposé du bonheur, il n'y est, en arrière-fond, question que de la solitude et des peurs qu'elle développe. Formidable portraitiste, Leigh renvoie le spectateur à ses angoisses mais il le fait avec cet humour qu'on retrouve dans ses irrésistibles dialogues et par la voix d'une troupe de comédiens hors pair, dont Lesley Manville, prodigieuse en vieille fille sexy à la recherche de chair fraîche pour ses vieux jours. Sa drague éhontée et perdue d'avance du fils de son couple d'amis est une merveille de comique et de pathétique. Elle symbolise le ton de ce grand film triste et joyeux, à la petite musique entêtante.

  5. Télérama
    par Pierre Murat

    La lumière des saisons change selon les sentiments des personnages. Tout - leurs petits malheurs, leurs mini-joies - passe dans un souffle. Comme dans ces pièces de Tchekhov où tout est joué, alors qu'il reste tant à faire, que nul, jamais, ne fera.

  6. Paris Match
    par Alain Spira

    Après s'être légèrement égaré avec son précédent film, le nunuche "Be happy", le réalisateur de Secrets et mensonges et de Vera Drake nous revient au sommet de son art avec cette subtile comédie dramatique qui aurait du rapporter à la stupéfiante Lesley Manville le prix d'interprétation au dernier Festival de Cannes. Directeurs d'acteurs et dialoguiste hors pair, Mike Leigh s'apparente ici à une sorte de Woody Allen goy et british.

  7. 20 Minutes
    par Caroline Vié

    Mike Leigh a gagné son pari. On a vraiment l'impression de faire partie du petit groupe d'amis qu'il nous présente. On suit leur évolution sur une année et l'on s'attache d'autant plus à eux que le réalisateur les considère avec une humanité teintée de férocité. Cette chronique sombre et drôle est servie par une pléiade d'excellents acteurs. Another Year est le meilleur film vu à Cannes depuis le début de la compétition. Un vrai coup de coeur.

  8. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Il n'y a pas que des gens sympathiques dans Another Year. Du reste, même Gerri et Tom montreront les limites de leur générosité. Il n'y a pas non plus que des fêtes, fussent-elles teintées d'amertume. Le quatrième volet nous mène aux funérailles de la belle-sœur de Tom, et nous fait découvrir un veuf plus que taciturne et Carl, un neveu agressif, odieux, misanthrope congénital, casseur d'ambiances, d'un tempérament qui rappelle le moniteur d'auto-école crispé de Be Happy ou le héros de Naked, ce déclassé caustique qui traînait une mélancolie brutale.
    Cet épisode hivernal désoriente par l'atmosphère tragique qu'il fait surgir. La mort qui guette, la cérémonie sordide, trop vite expédiée, le désarroi général, l'irruption de silences, de malaises. Il donne au film une profondeur inattendue, distille le presque rien métaphysique qui transcende un divertissement troussé haut la main en grand film comico-funèbre. Mike Leigh n'est pas un tendre, mais un formidable sourcier de l'humanité que recèle toute personne, épanouie ou pas.

  9. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    « Sur une échelle de 1 à 10, à quel degré vous estimez-vous heureuse ? » : à la question de Gerri, la réponse d’une femme usée, en quête de somnifères, fuse d’un coup : « 1 ». Nous ne reverrons pas ce personnage, poignante Imelda Staunton, mais voilà le thème du film : le bonheur, mystère et fragilité. Un vrai sujet de philo que le fin observateur Mike Leigh traite, en dépit d’une entrée en matière brutale, avec un humour teinté de mélancolie et beaucoup de tendresse pour ses personnages. Tous comme ceux, par exemple de « Secrets et mensonges », les gens ordinaires ont une histoire digne d’intérêt, déroulée du printemps à l’hiver. Au fil des saisons, de la cuisine au jardin, la vie glisse doucement de la comédie à l’amertume et à la déception. Face au bonheur du couple qui rassure autant qu’il blesse, Mary), rigolote et agaçante au printemps, nous émeut profondément dès l’hiver.

  10. Les Inrocks
    par Jean-Marc Lalanne

    On envisageait seulement deux résolutions : soit le choix de la cruauté (aucun déplacement de la ligne de partage du bonheur) ; soit celui de la miévrerie (le petit miracle du coup de foudre entre deux esseulés). Mike Leigh invente un troisième terme : une bascule brutale du point de vue.
    Dans les dix dernières minutes, c’est la famille parfaite qui est soudainement perçue comme une armée d’insectes sans âme, dure, et dont la convivialité souriante masque mal une indifférence robotique. L’amie tant moquée s’effondre, et le film ne la lâche pas, se tient au plus près de son visage lavé des usuelles gesticulations grimaçantes propres à la moulinette satirique Mike Leigh.
    Le film lui offre mieux qu’un happy end un peu love : à savoir une prise de conscience, une sortie du théâtre. Et un grand vent glacé souffle alors pour une dizaine de minutes. Mais qu’il fut long à se lever…

  11. Le Parisien
    par Marie Sauvion

    C’est tout simple donc, et dans un premier temps c’est même souvent drôle. Comme toujours ,Mike Leigh a élaboré scénario et dialogues avec sa troupe de comédiens, durant des mois de travail, et ils sont tous d’une justesse absolument sidérante.
    Seulement, à mesure qu’avancent les saisons, à mesure que file la vie, « Another Year » devient plus grave. Et si on a bien ri, une fois l’hiver arrivé, on est bouleversé, chaviré, par ce grand et beau film reparti scandaleusement bredouille du dernier Festival de Cannes. A sa façon profonde et précise, tendre et cruelle, Mike Leigh parle du bonheur, de ceux qui y arrivent et des autres, les plus nombreux. Sereins et radieux, irrésistiblement attirants, Tom et Gerri révèlent la part d’égoïsme indispensable à leur félicité, tandis que Mary, inapte et désarmante, semble condamnée à son rôle de spectatrice, voire de boulet. Concentré d’humanité entre une cuisine et un jardin, « Another Year » est un rendez-vous à ne pas rater.

  12. Chronic'art
    par Yal Sadat

    (...) ce fil narratif bien tranquille et surtout sa mise en scène ne rendent pas honneur à l'épaisseur humaine des profils épars et bariolés, ni aux idées qu'ils sous-tendent. Même en faisant abstraction de son chapitrage « quatre saisons » illustratif et obséquieux, le didactisme pictural de Leigh reste assommant. A chaque période de l'année ses teintes tapageuses (en hiver, même les verres d'eau sont gris), à chaque exposition dramatique son tableau figé et surcomposé, à l'attention de l'analyste pré-adolescent. Les basculements arrivent en grandes pompes, les émotions s'autogénèrent, et la clarté narrative qui devait faire l'atout du film finit par le priver de la complexité promise. Au détriment de son idée porteuse, Another year s'enlise donc dans les constats doux-amers et surlignés, à mesure que le récit se segmente en saynètes tragi-comiques mal dégrossies. Si son ancrage aux côtés de l'upper middle class laissait espérer un nouveau souffle dans le naturalisme à l'anglaise, la démarcation proposée ne se passe pas, hélas, d'un classicisme un peu encroûté. Restera intact le brio des improvisations et des dialogues écrits, qui confirment le fameux talent artisanal de la troupe Mike Leigh - Lesley Manville en particulier, épatante dans un registre de terreur pré-ménopause.

  13. Fluctuat
    par Eric Vernay

    On mentirait en disant qu'on s'est ennuyé, ou qu'on n'a pas été charmé par la verve comique de cette famille stable accueillant tout le malheur du monde en sa demeure. C'est drôle, maîtrisé, et même assez émouvant par endroits. Leigh maîtrise totalement l'écriture et le timing de ses séquences, qui s'emboîtent comme du papier à musique, au gré des affects des personnages. Dommage que le réalisateur se contente de les filmer en champ-contrechamp pendant deux heures, façon théâtre filmé.
    Dommage aussi que Leigh prenne le point de vue de son couple principal, presque trop parfait pour être vrai et constamment en contre-champ tel un jury de la "normalité", pour observer les pauvres hères qui les parasitent avec leur difficulté à vivre. La posture est confortable, un peu hypocrite. Mais si la forme cinématographique est la grande perdante de Another Year, les acteurs eux, s'en donnent à coeur joie, notamment Lesley Manville, émouvante en célibataire hystérique et déprimée.

  14. Nouvel Obs
    par Xavier Leherpeur

    On retrouve la patte du cinéaste anglais : exceptionnelle direction d’acteurs, superbe travail d’écriture reposant sur une longue phase d’improvisation, humour moins cynique que mélancolique…