- Fluctuat
Voici une histoire mélo et proprette. Dans un esprit hollywoodien très politiquement correct, Tony Kaye nous plonge dans l'univers de Daniel Wiyard, un adolescent en admiration devant son frère aîné, Derek.
Pronazi convaincu, ce dernier appartient aux ligues fascistes de Los Angeles. Le meurtre de trois noirs le conduit en prison pour trois ans. Trois ans de "lutte violente" dira-t-il qui bouleverseront ses convictions. Derek revient dans le monde avec l'envie de sauver son frère de la haine raciste, de le soustraire à Cameron, leader intelligent d'un groupe de militants d'extrême droite. Entre confidences, explications, et remises en questions, Danny devra trouver le chemin de la sagesse, encadré par son frère et son professeur qui lui demande d'écrire un devoir intitulé American History X, dissertation libre sur son aîné.
Les personnages sont tous des caricatures. Les fachos sont stupides, les autres sont acoquinés au F.B.I. comme s'il était besoin d'une caution étatique pour combattre le racisme fanatique.American History X est un film limite. Tant le sujet du film, plus que le film lui-même, est délicat. Certes il est important de dénoncer le racisme, pourtant on peut se demander si la manière de le faire n'est pas tout aussi importante voire plus importante que le propos - ajoutons à la cruciale question peut-on rire de tout, la non moins cruciale, peut-on dénoncer de n'importe quelle manière.Bien sûr on peut ici tolérer un manichéisme où ce qu'il y a à abattre est forcément férocement à l'extrême-droite. Le montage rapide de gros plans et de plans serrés qui ne laissent place à aucune scorie, aucune ambiguïté, aucune faille à l'écran, pousse le spectateur dans cette condamnation - indubitable et donc quelque part honorable - de ces racistes. Pourtant avec un tel discours n'est-on pas conduit à en oublier les ambigus, ceux qui se disent "pas racistes" mais qui n'aiment pas les Noirs ? Il est toujours plus facile de tirer sur Hitler que sur Papon et à trop tirer sur le premier il ne faudrait pas en oublier le second.Le traitement esthétique des souvenirs des personnages, puisque c'est par ce biais des plus pesants que se déroule l'histoire, toujours en noir et blanc, place de façon trop peu assumée le passé trouble de Derek. Là encore un manichéisme lourd de conséquences, lave ce protagoniste de toute faute. Sorti de sa période noire et désormais en couleur il est redevenu normalement anti-faciste. Par ces effets, Tony Kaye réduit l'engagement faciste à une petite erreur de jeunesse, corrigée par trois ans de prison.La première séquence du film - Derek en noir et blanc, faisant l'amour à Stacy sa petite amie - nous montre le choc de deux corps tatoués de la croix gammée, entre violence et plaisir, cadrés à l'oblique, de façon saillante, dans un acte alors forcément condamné, diabolisé. Ponctué d'images violentes qui restent de façon pérenne, rémanentes dans notre cerveau bien après que le film soit fini, American History X s'écarte des objectifs scénaristiques premiers. "Je voulais que mes personnages soient le plus proche de la réalité et non pas représentés de façon stéréotypée sous les traits de véritables abrutis" écrit David Mc Kenna. Si ses personnages interprétés par la star montante Edward Norton, en moins bonne forme que dans les Joueurs, et par Edward Furlong qui se mue en un vrai jeune homme, ne sont pas véritablement abrutis, ils ont juste la chance d'être stéréotypés... et ce n'est même pas dommage.American History X
Réal : Tony Kaye
Avec : Edward NORTON (Derek), Edward FURLONG (Danny), Fairuza BALK (Stacey), Avery BROOKS
Sortie le 3 Mars 1998, Durée 1 h. 55
Interdit aux moins de 12 ansFluctuatVoici une histoire mélo et proprette. Dans un esprit hollywoodien très politiquement correct, Tony Kaye nous plonge dans l'univers de Daniel Wiyard, un adolescent en admiration devant son frère aîné, Derek.
Pronazi convaincu, ce dernier appartient aux ligues fascistes de Los Angeles. Le meurtre de trois noirs le conduit en prison pour trois ans. Trois ans de "lutte violente" dira-t-il qui bouleverseront ses convictions. Derek revient dans le monde avec l'envie de sauver son frère de la haine raciste, de le soustraire à Cameron, leader intelligent d'un groupe de militants d'extrême droite. Entre confidences, explications, et remises en questions, Danny devra trouver le chemin de la sagesse, encadré par son frère et son professeur qui lui demande d'écrire un devoir intitulé American History X, dissertation libre sur son aîné.
Les personnages sont tous des caricatures. Les fachos sont stupides, les autres sont acoquinés au F.B.I. comme s'il était besoin d'une caution étatique pour combattre le racisme fanatique.American History X est un film limite. Tant le sujet du film, plus que le film lui-même, est délicat. Certes il est important de dénoncer le racisme, pourtant on peut se demander si la manière de le faire n'est pas tout aussi importante voire plus importante que le propos - ajoutons à la cruciale question peut-on rire de tout, la non moins cruciale, peut-on dénoncer de n'importe quelle manière.Bien sûr on peut ici tolérer un manichéisme où ce qu'il y a à abattre est forcément férocement à l'extrême-droite. Le montage rapide de gros plans et de plans serrés qui ne laissent place à aucune scorie, aucune ambiguïté, aucune faille à l'écran, pousse le spectateur dans cette condamnation - indubitable et donc quelque part honorable - de ces racistes. Pourtant avec un tel discours n'est-on pas conduit à en oublier les ambigus, ceux qui se disent "pas racistes" mais qui n'aiment pas les Noirs ? Il est toujours plus facile de tirer sur Hitler que sur Papon et à trop tirer sur le premier il ne faudrait pas en oublier le second.Le traitement esthétique des souvenirs des personnages, puisque c'est par ce biais des plus pesants que se déroule l'histoire, toujours en noir et blanc, place de façon trop peu assumée le passé trouble de Derek. Là encore un manichéisme lourd de conséquences, lave ce protagoniste de toute faute. Sorti de sa période noire et désormais en couleur il est redevenu normalement anti-faciste. Par ces effets, Tony Kaye réduit l'engagement faciste à une petite erreur de jeunesse, corrigée par trois ans de prison.La première séquence du film - Derek en noir et blanc, faisant l'amour à Stacy sa petite amie - nous montre le choc de deux corps tatoués de la croix gammée, entre violence et plaisir, cadrés à l'oblique, de façon saillante, dans un acte alors forcément condamné, diabolisé. Ponctué d'images violentes qui restent de façon pérenne, rémanentes dans notre cerveau bien après que le film soit fini, American History X s'écarte des objectifs scénaristiques premiers. "Je voulais que mes personnages soient le plus proche de la réalité et non pas représentés de façon stéréotypée sous les traits de véritables abrutis" écrit David Mc Kenna. Si ses personnages interprétés par la star montante Edward Norton, en moins bonne forme que dans les Joueurs, et par Edward Furlong qui se mue en un vrai jeune homme, ne sont pas véritablement abrutis, ils ont juste la chance d'être stéréotypés... et ce n'est même pas dommage.American History X
Réal : Tony Kaye
Avec : Edward NORTON (Derek), Edward FURLONG (Danny), Fairuza BALK (Stacey), Avery BROOKS
Sortie le 3 Mars 1998, Durée 1 h. 55
Interdit aux moins de 12 ans
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