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1981, Romy Schneider a 42 ans. Aux prises avec ses démons existentiels et ses addictions, elle fait une cure à Quiberon avec une amie d’enfance. Cette période est dure : son fils la rejette, elle vient de divorcer et connaît des problèmes d’argent. Elle accepte pourtant de recevoir dans cet hôtel breton le photographe Robert Lebeck et le journaliste Michael Jürgs, du magazine Stern, pour ce qui se révèlera être sa dernière interview en allemand. Emily Atef (L’étranger en moi, Tue-moi) reconstitue avec habileté ces quelques jours en compagnie de l’actrice - incarnée par Marie Bäumer, troublante de ressemblance -, grâce aux 600 clichés jamais publiés que Lebeck himself lui a confiés. Mais la cinéaste a beau filmer la star versant vie privée, sans fards, jouant de l’accordéon dans un bar de marins, la clope au bec et le rire rustique, son aura d’étoile écorchée persiste. La proximité ne fait pas éclater le halo magnétique qui la ceint, au contraire, elle l’augmente. C’est que Romy appartient au petit cercle des stars aussi envoutantes qu’envoutées. Plus Marilyn que jamais, elle altère malgré elle son entourage, tour à tour souveraine et enjôleuse. Incapable de vivre cachée (donc heureuse), elle entretient avec les médias une relation d’amour-haine incarnée par ses rapports avec Lebeck et Jürgs auxquels, dans un double mouvement, elle donne et reproche tout. Evidemment on pense aux films de Sautet, qui filma si bien la Romy solaire et sensuelle ; mais aussi à la brèche immense révélée par L’important c’est d’aimer, où Romy apparaissait éreintée. La mort rôde. Peu après cette interview, l’actrice disparaitra.