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Sorti 51 ans avant celui avec Al Pacino, le film de gangsters a choqué la censure américaine.

Al Pacino a tellement marqué les spectateurs dans Scarface de Brian De Palma, en 1983, que cette version a éclipsé le film original de Howard Hawks dans l’inconscient collectif. Sorti en 1932, celui-ci vaut pourtant largement le détour, et pas seulement pour comparer les deux versions. Arte le propose ce soir, à partir de 22h35 précisément.

Paul Muni incarne Tony Camonte, un gangster ambitieux et brutal, qui est prêt à tout pour accéder au pouvoir. Evoluant dans les années 1920, à Chicago, il monte des plans violents pour éliminer un à un ses adversaires au sein de la Mafia, mais a cependant un point faible : sa sœur, jouée par Ann Dvorak (qui était la compagne du cinéaste au moment du tournage). Amoureux d’elle, Tony ne supporte pas l’idée de voir d’autres hommes l’approcher.

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Cette relation incestueuse fut quasiment coupée au montage par la censure américaine au début des années 1930, tout comme de nombreuses scènes de violence. Le scénariste Ben Hecht s’était inspiré du parcours d’Al –le balafré- Capone pour ce film et le producteur Howard Hughues lui avait laissé, tout comme au réalisateur, la liberté d’en tirer l’histoire qu’ils voulaient. Résultat, ils ont tous les trois été accusés d’être fascinés par "le milieu", au point que leur vision fut considérée à l’époque comme une apologie du gangstérisme (et ce même si le film raconte l’ascension, puis la chute du mafieux). Le comité imposa alors à l’équipe des avertissements sur les affiches et au début du film, ainsi que le sous-titre "La honte de la nation". Elle leur demanda aussi de tourner une nouvelle fin, où le gangster est jugé pour ses actes meurtriers avant d’être tué sur ordre de la justice, mais l’acteur refusa de jouer ces scènes. Cette fin a tout de même été mise en boîte, avec une doublure dont on ne voit jamais le visage en gros plan. La version diffusée ce soir est la première, qui finit également dans le sang mais est moins moralisatrice. Un classique captivant pour tous les amateurs du genre, et les cinéphiles en général. Le long plan-séquence qui ouvre Scarface est notamment devenu très célèbre, résumant parfaitement la virtuosité du cinéaste.