Tawfiq al Hakim

Dramaturge et nouvelliste égyptien, Tawfiq Al-Hakim est un des plus grands auteurs de la littérature et du théâtre arabe. Eminent homme de lettres, il n’a jamais hésité à prendre des positions qui allaient à l'encontre des idéaux en vogue dans son pays et ce, malgré les controverses et les pressions dont il a fait l’objet. Tawfiq Al-Hakim est né le 9 octobre 1898, en Egypte. Fils d’un avocat et d’une aristocrate d’origine turque, il grandit dans une famille plutôt aisée. Il est élevé par une mère très protectrice qui veut faire de lui un aristocrate dans la digne tradition familiale. Soumis à ce régime strict, le jeune homme n’a que très peu de liberté. D’autre part, son père veut qu’il suive sa trace en devenant un avocat de renom. C’est ainsi qu’il l’envoie étudier au Caire, sous la tutelle de ses oncles, et sans le consentement de sa mère. Tawfiq Al-Hakim y poursuit son enseignement secondaire. Enfin libéré du joug parental, il commence à prendre des cours de théâtre et de musique mais sans oublier les désirs de son père. Il intègre alors l’Ecole de Droit. Dès 1925, il est titulaire d’une licence en droit. Suite à cela, son père l’expédie à la Sorbonne, en France, pour y obtenir son doctorat.Une fois à Paris, Tawfiq Al-Hakim en profite pour s’immerger totalement dans la culture européenne. Les théâtres et l’opéra sont des distractions auxquelles il adore s’adonner et qu’il préfère nettement à ses cours. Plusieurs auteurs retiennent son attention, comme Shaw, Pirandello, Ibsen ou encore Maeterlinck. Il esquisse ses premiers projets littéraires, et écrit Return of The Spirit, son premier roman, en 1927. En 1928, de retour dans son pays natal, Tawfiq Al-Hakim est obligé de suivre la voie de la raison et obtient un poste dans la fonction publique égyptienne. Il n’exerce cette fonction que momentanément, dans la zone du delta du Nil. Plus tard, il est muté en tant que fonctionnaire au Ministère des Affaires Sociales. Dans les années trente, l’auteur est en pleine évanescence rédactionnelle. La première pièce de théâtre écrite par Al-Hakim date de 1933, elle s’intitule Les gens de la Caverne. Un an plus tard, il publie un second roman intitulé Schéhérazade. Son point de vue est toujours très prononcé, comme dans Le Journal d’un Substitut de Campagne, son roman sorti en 1937. Dans cette œuvre, l’auteur égyptien fait un magnifique tableau de la société égyptienne de l’époque et de son rapport à l’occidentalisation. La bureaucratie, n’ayant jamais réellement été sa vocation, l’auteur se complaît dans l’écriture. En 1938, il publie un roman, Bird from the East et un recueil de nouvelles intitulé Pact with Satan. L’âne de sagesse publié en 1940 est une de ses œuvres les plus populaires. En 1943, il renonce définitivement à son titre au Ministère et décide enfin de se consacrer entièrement à sa carrière d’écrivain. C’est en 1949, qu’il sort la pièce Pygmalion, un de ses plus beaux chefs d’œuvres. Il possède un tel talent, qu’en 1960, il est choisi pour représenter l’Egypte auprès de l’Unesco. Plus tard, il achève le livre The Return of Consciousness, en 1974 qui ne ménage pas le monde politique égyptien. Tawfiq Al-Hakim publie, avant sa mort, plusieurs articles dans un recueil intitulé Conversation with God qui attise la colère de l’Etat égyptien musulman. Le 27 Juillet 1987, il meurt au Caire, laissant derrière lui une bonne centaine d’œuvres théâtrales et soixante deux livres. Tawfiq Al-Hakim aura aussi inspiré beaucoup d’autres auteurs du monde arabe, tel Ahmed Reda Houhou.