Dudow est-il l'homme d'un seul film, le fameux Kühle Wampe, l'une des rares uvres ouvertement marxistes du cinéma préhitlérien, réalisée en étroite collaboration avec Bertolt Brecht, ou bien sa carrière mérite-t-elle un plus ample examen ? Né dans une famille d'ouvriers, il fait des études théâtrales poussées, à Berlin (1922) puis à Moscou (1929), suit les cours de Max Hermann et d'Erwin Piscator, se lie avec Eisenstein et Brecht. Ennemi du naturalisme et de l'expressionnisme, il opte pour le « réalisme documentaire » et participe à des travaux de montage collectifs pour la firme allemande Prometheus. Parallèlement à des mises en scène théâtrales (pièces de Brecht essentiellement), il tourne un premier film en 1930 : Comment se loge l'ouvrier berlinois (Wie die berliner Arbeiter wohnt). Puis c'est, en 1932, la mise en chantier de Kühle Wampe : un grand film social traitant du problème du chômage en Allemagne et exaltant la solidarité ouvrière pour faire face à la crise. Le sous-titre, explicite, est À qui appartient le monde ? (Whem gehört die Welt ?). Dudow et Brecht, son scénariste, y dénoncent le poids de l'oppression familiale, l'aliénation bourgeoise, la montée du militarisme. C'est l'anti-Jeune hitlérien Quex, que tournera l'année suivante Hans Steinhoff. « Nous sommes le porte-voix rouge, le porte-voix des masses », scande le chur des ouvriers en lutte. Soutenu par une musique dynamique de Hanns Eisler, le film subit les assauts de la censure mais connaît néanmoins une certaine audience, en Allemagne et en France (où il fut projeté avant-guerre sous le titre Ventres glacés). Peu après, Dudow devra s'expatrier et se limiter au théâtre, en France et en Suisse. C'est en France qu'il tourne, sur des dialogues de Jacques Prévert, un court métrage projeté en 1934, Bulles de savon (Seifenblasen). Il revient seulement au long métrage en 1949 avec Notre pain quotidien (Unser täglich Brot), histoire d'une famille désunie par la guerre. Fixé en Allemagne, il tourne ensuite la Famille Benthin (Familie Benthin, 1950 ; CO K. Mäetzig) et Destins de femmes (Frauenschicksale, 1952), deux films qui intègrent (assez lourdement) des thèmes sociaux à des intrigues mélodramatiques. Dudow se retrouve en 1954 avec Plus fort que la nuit (Stärker als die Nacht), qui relate, avec une certaine vigueur épique, douze ans de résistance au nazisme, à travers l'histoire du KPD. Puis c'est le Capitaine de Cologne (Der Hauptmann von Köln, 1956), une satire du néomilitarisme faisant pendant au célèbre Capitaine de Koepenick, pièce à succès de Carl Zuckmayer qui inspira plusieurs films. Enfin, en 1959, un dernier film, manqué et négligeable : les Égarements de l'amour (Verwirrung der Liebe). « Homme sans compromis », comme le définit son compatriote Konrad Wolf, Slatan Dudow occupe une place restreinte mais estimable dans l'histoire du cinéma réaliste allemand. Brecht, si sévère envers ses autres collaborateurs, de Lang à Cavalcanti, a toujours tenu Kühle Wampe pour le film le plus fidèle à ses théories sur le cinéma.
Nom de naissance | Slatan Dudow |
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Naissance |
Zaribrod, Bulgaria |
Décès | |
Profession(s) | Réalisateur/Metteur en Scène, Scénariste |
Avis |
Biographie
Filmographie Cinéma
Année | Titre | Métier | Rôle | Avis Spectateurs |
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2015 | Le capitaine de cologne | Réalisateur | - | |
2015 | Notre Pain Quotidien | Réalisateur | - | |
2015 | Kuhle Wampe Ou A Qui Est Le Monde? | Réalisateur | - | |
1932 | Ventres glacés | Réalisateur, Scénariste | - |