René Kalisky

L’auteur dramatique René Kalisky, fils d’un juif polonais installé en Belgique, est né à Bruxelles en 1936. Tout au long de sa vie, il sera profondément marqué par la mort de son père, victime de l’holocauste dans le camp d’Auschwitz et ne manquera pas, dans la plus grande partie de son œuvre, de dénoncer la répétition des atrocités de l’histoire, l’Homme n’ayant apparemment pas retenu les leçons du passé.Il commence sa carrière dans le domaine de l’édition, où il exerce la fonction de secrétaire puis, dans celui du journalisme, notamment au Patriote Illustré, avant de prendre le chemin du théâtre.En 1968, il commence avec la publication d’Europa, en Belgique. Kalisky écrit plusieurs pièces empreintes d’histoire notamment, Trotsky (1969), Skandalon, (1970), Jim le téméraire et Le pique-nique de Claretta (1973). Il est aussi l’auteur de deux essais majeurs publiés en 1968 et réédités dans les années 80 sur l’histoire politique arabe, L’origine et l’essor du monde arabe et Le monde arabe à l’heure actuelle.Nul n’étant prophète dans son pays, ses pièces sont ignorées en Belgique. Et c’est en France, auprès de Jacques Lemarchand, directeur de la collection Le Manteau d’Arlequin aux Editions Gallimard, qu’il trouve enfin l’occasion de faire connaître son théâtre. Cette collaboration cesse en 1974, lorsque Kalisky change de registre et se tourne vers des thèmes plus en rapport avec son temps.Les frontières belges l’étouffent et ce sentiment de claustrophobie intellectuelle qu’il ressent le pousse à s’éloigner et à partir pour la France (en Corse en 1971, puis à Paris en 1973). Se succèdent alors des pièces plus contemporaines et c’est en 1970, après la diffusion de ses pièces sur France Culture, que la Belgique accueille enfin son enfant prodige (jusque là, seule Europa eut grâce au yeux des Belges et fut jouée en 1968). A son retour, il reçoit alors plusieurs prix littéraires, dont le Prix Annuel de Littérature Dramatique décerné par le Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques à Bruxelles en 1974 et le Grand Prix Triennal de Littérature Dramatique décerné par le Gouvernement en 1975. Il obtient même une bourse pour séjourner à Berlin. En 1977, il est édité par la maison française Stock dans sa collection Théâtre ouvert. Plusieurs livres paraissent alors, notamment, La passion selon Pier Paolo Pasolini, Dave au bord de mer, Résumé, Du sur jeu au sur texte, dans lequel il nous explique sa conception du théâtre.Ses dernières œuvres sont jouées par des compagnies théâtrales françaises ou belges, notamment, Sur les ruines de Carthage (1980).Plusieurs metteurs en scène et réalisateurs montrent un intérêt pour Kalisky et portent ses pièces sur la scène, dont Antoine Vitez, Albert-André Lheureux, Ewa Lewinson, Bernard de Coster, Jean-Pierre Miquel, ou encore Marcel Delval. Depuis 1974, les pièces de Kalisky sont jouées et rejouées sur de prestigieuses scènes, telles que le Théâtre Daniel Sorano, le Théâtre du Jardin Botanique de Bruxelles, le Théâtre National de l’Odéon, le Théâtre de l’Est Parisien, le BKT Brussel, le Théâtre de la Place de Liège ou encore le Festival d’Avignon.Le peu connu Kalisky fait partie de ses auteurs qui ne comprennent pas pourquoi le public ne sait pas identifier le talent quand il est là et il souffrira toute sa vie du manque de reconnaissance de ses contemporains.Agé tout juste de quarante cinq ans, René Kalisky, foudroyé par un cancer, s’éteint à Paris, le 2 mai 1981.A titre posthume, il reçoit le Prix Spécial SACD en 1982. Quelques textes paraîtrons après sa mort notamment, Aida en 1982, Falsch en 1983 ou encore Charles le téméraire en 1984.