Genre Homme
Avis

Biographie

Aborder cet auteur né en 1944 dans l'Arkansas n'est pas forcément évident de premier abord. Traducteur de Raymond Queneau aux Etas-Unis - ce qui le place déjà comme une exception dans son domaine - ses création sont multiples et une partie de son travail seulement relève du polar. James Sallis a également beaucoup écrit sur la musique, forme artistique qui occupe une place importante dans son oeuvre, qu'il s'agisse de poésie ou de fiction. Il est également connu pour sa biographie de l'écrivain Chester Himes. L'écriture de Sallis est à la fois dense et minimaliste. Elle pourrait se rapprocher de la poésie en prose, tant l'auteur fait constamment preuve d'un économie de mots peu commune dans ce domaine. Sallis sais cependant exactement les choisir quand il s'agit de poser une ambiance, révéler un paysage, proposer une réflexion ou un constat sur la vie et les situations que doivent gérer les protagonistes de ses livres. Malgré tout, et alors que ses romans sont plutôt court, on peut dire que le style de Sallis, comme ses histoires, pèse lourd. Ses récit sont emprunt d'une profonde et réelle mélancolie. Ses personnages, accidentés de la vie, coupables ou victimes, sont souvent en proie à un grand abattement et subissent les aléas de l'existence avec une lassitude palpable dans ses pages. A ce titre, sa série consacré au détective afro-américain alcoolique Lew Griffin, est exemplaire. Personnage récurrent qui interviendra dans une demi douzaine de romans, Lew Griffin est un ex-privé noir, évoluant dans les quartiers déshéritées la Nouvelle-Orléans. Son histoire se compose d'aller et retour dans le temps, de l'époque où Griffin traquait les fugueurs et recherchait les amants adultères (pour invariablement tomber sur des affaires ignobles) à la descente aux enfers que symbolise des romans comme Bête à bon dieu, ultime volet de la série. Dans ces livres, James Sallis s'inspire ouvertement de la personnalité de Chester Himes pour qui il a une immense admiration. Comme Himes, Griffin est un personnage hanté par ses démons, comme les personnages d'Himes, sa vie est une tragédie. Le nihilisme forcené et pourtant constamment banalisé de cette partie de l'oeuvre de Sallis, fait de la série des Lew Griffin la plus noire que le polar contemporain ait connu récemment. Les textes les plus réçents de l'écrivain ne sont pas pas beaucoup plus joyeux, loin de là. Pour preuve, La Mort aura tes yeux, Drive et surtout, Cripple Creek, ou Salt River, deux volumes de sa nouvelle série consacré à John Turner, un ex-flic retiré des affaires, sont toujours emprunt de tristesse, de renoncement et surtout, d'une immense solitude propre à tous les êtres humains. Malgré cette intransigeance, pas forcément très glamour, le travail de Sallis est - bien évidemment - a découvrir de toute urgence.Photo © ALBERTO MORANTE/EPA/SIPA