Élève de Schönberg, il orchestre les Temps modernes (Ch. Chaplin, 1936). Mais c'est l'obsédant leitmotiv de Laura (O. Preminger, 1944) qui assure sa renommée et définit son style : un jazz doux, mélodieux et félin, parfaitement au diapason des films noirs (Crime passionnel, id., 1945 ; l'Enfer de la corruption, A. Polonski, 1948 ; le Mystérieux D Korvo, Preminger, id.) ou blêmes (Femme ou Maîtresse, id., 1947). Paradoxalement, il brille dans le western, où il sait par ses musiques sinueuses suggérer la menace ou le mystère (Au-delà du Missouri, W. Wellman, 1951 ; l'Homme de nulle part, D. Daves, 1956 ; Will Penny le solitaire, T. Gries, 1968). Son grand classique est sa somptueuse partition pour les Ensorcelés (V. Minnelli, 1952), qui équilibre magistralement le brillant et l'obscur.