Dante Sauveur Gatti

Écrivain, dramaturge, journaliste, réalisateur et poète, Dante Sauveur Gatti est un auteur exceptionnel. Il est connu pour son militantisme et sa résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, malgré sa condamnation à mort et son incarcération en camp de travail forcé. C’est un véritable globe-trotter qui s’est largement nourri des cultures du monde. Il a côtoyé de grandes personnalités telles que le leader Ernesto Che Guevara et le réalisateur Chris Marker. Dante Sauveur Gatti est né le 26 janvier 1924 à Monaco. Il est aussi connu sous le nom de plume d’Armand Gatti. Ses parents sont des immigrés italiens, particulièrement pauvres. Son père, Auguste Rainier Gatti, survient aux besoins de sa famille en travaillant en tant que balayeur. Sa mère, Lætitia Luzona, travaille en tant que femme de ménage. Vers 1939, le jeune adolescent doit surmonter le décès de son père, tué à coups de matraque lors d’une manifestation. Sur les traces de son père, Dante Sauveur Gatti manifeste très tôt un caractère anarchiste et revendicateur. À dix-huit ans, en pleine seconde guerre mondiale, il intègre la Résistance basée dans la forêt de Berbeyrolle, en Corrèze. Le jeune garçon à peine majeur se fait très vite arrêter et subit la torture. Puis, il est condamné à la peine capitale. Heureusement, il parvient à être épargné de ce dur verdict, grâce à un facteur ; il est trop jeune. C’est ainsi qu’il est envoyé au Camp de travail forcé de Lindermann, en 1943, sous le matricule 17173. Toutefois, sa mésaventure ne parvient pas à anéantir ses convictions. Dante Sauveur Gatti parvient à s’échapper de cette prison à pieds. Il intègre ensuite le maquis de Marcy, pour une nouvelle participation à la Résistance. En 1944, le jeune français devient parachutiste auprès des Britanniques et combat pour la libération. Au sortir de la guerre, il commence une carrière de journaliste au sein du Parisien Libéré. C’est à cette époque qu’il adopte le prénom Armand. Il réalise un reportage intitulé Envoyé spécial dans la cage aux fauves qui lui vaut, en 1954, le Prix Albert-Londres. En 1959, Jean Vilar met en scène une pièce de l’auteur français. Il s’agit de l’œuvre intitulée Le Crapaud-Buffle. Malheureusement, c’est un échec total. La critique à l’égard de cette œuvre est extrêmement virulente et dure. Suite à cela, le dramaturge redouble d’efforts rédactionnels et commence à rédiger une deuxième pièce, dans laquelle il puise dans son enfance, le souvenir de son père. Dante Sauveur Gatti est à l’origine de la première fiction sur le thème des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale. Il réalise, en 1960, l’Enclos, en Yougoslavie. Cette œuvre est récompensée au Festival de Cannes, puis à Moscou. Parallèlement, l’auteur français fait publier sa première œuvre théâtrale, Le Quetzal, dans la revue Europe. Le jeune journaliste voyage beaucoup. Il passe par l’Algérie, où il devient l’ami de Kateb Yacine, mais aussi par l’Argentine où il croise le chemin d’Ernesto Guevara, qui à l’époque n’est pas encore surnommé Le Che. Ils se retrouvent en 1962, lors du tournage de El otro Cristobal, deuxième film de Gatti. La même année, Jacques Rosner monte la pièce intitulée La Vie Imaginaire de l’éboueur Auguste G., dans laquelle Dante Sauveur Gatti parle de son père. En 1964, Dante Sauveur Gatti présente la pièce Le Poisson noir, au théâtre Sorano de Toulouse. En 1969, il réalise, en Allemagne, le film Le Passage de l’Èbre. Plus tard, en 1972, Armand Gatti se lance dans une expérience de création collective avec La Colonne Durruti. Il réitère l’aventure l’année suivante avec l’œuvre intitulée L’Arche d’Adelin. C’est un cinéaste créatif; comme on lui refuse les tournages de ses films, il opte pour la vidéo. C’est ainsi qu’en 1975, il s’entoure d’ouvriers d’origines diverses, travaillants dans l’industrie automobile, pour réaliser Le lion, sa cage et ses ailes. Plus tard, Dante Sauveur Gatti voyage en Irlande, à l’époque du décès de Bobby Sands et de ses amis en prison, suite à leur très célèbre grève de la faim. Dans cette période, le réalisateur français s’entoure de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne pour réaliser Nous étions tous des noms d’arbre. Puis, en 1983, il fonde l’Archéoptéryx, un atelier de création populaire. Dès lors, il commence à travailler avec des jeunes en stage de réinsertion. Ensemble, ils montent la pièce Nous ne sommes pas des personnages historiques, en 1984. Il fera plusieurs fois cette expérience du travail avec les jeunes. En décembre 1988, le dramaturge reçoit le Grand Prix National du Théâtre, des mains du politicien français Jack Lang. L’année suivante, Gatti crée l’oeuvre Les combats du jour et de la nuit à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, dans le cadre de la célébration du bicentenaire de la Révolution à la prison de Fleury-Mérogis. Des détenus participent à cette initiative de l’auteur. Au début des années 1990, il arrive à Avignon avec l’œuvre intitulée Ces empereurs aux ombrelles trouées, qui paraîtra aux éditions Verdier. En 1999, Gatti organise une rencontre dans le cadre de la sortie de son œuvre intitulée La parole errante aux éditions Verdiers. L’année suivante, il écrit Traversée des langages. En 2004, Dante Sauveur Gatti orchestre la mise en scène d’une œuvre de Jean-Pierre Faye intitulée La Fête de l'Âne de Zarathustra. La même année, au Festival Volterra Teatro de Toscane, le dramaturge est l’invité d’honneur. Dante Sauveur Gatti a une créativité exceptionnelle qui le mène souvent à explorer des nouveaux lieux de prestations. On le retrouve en 2006, à l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, où il monte la pièce Les Oscillations de Pythagore à la recherche du masque de Dionysos. Il honore ensuite Georges Guingouin, ex-membre de la Résistance, en lui dédiant le poème Les Cinq Noms de Résistance de Georges Guingouin. En 2007, son œuvre, Le Passage des oiseaux dans le ciel, est lue par les comédiens de la troupe de la Comédie Française.