Au milieu de la décennie 90, en Amérique, la black music commence à étouffer sous le poids de productions new jack de plus en plus paresseuses. C'est là qu'intervient le Zorro du genre, Mister D'Angelo. Avec son mélange de soul lascive, de jazz, de funk et de hip hop, le crooner propose une alternative rafraîchissante et contribue très largement à l'émergence du courant nu-soul, dans lequel vont également s'illustrer des artistes comme Erykah Badu ou Maxwell.Fils et petit-fils de pasteurs d'obédience pentecôtiste, Michael Eugene Archer voit le jour en 74 à Richmond, en Virginie. Le bambin commence à pianoter dès l'âge de cinq ans et se convertit à l'adolescence au hip hop. Comme certains de ses illustres prédécesseurs (Billie Holiday, James Brown ou Michael Jackson), il tentera sa chance au mythique théâtre Apollo de Harlem, dont il remporte trois fois le tremplin amateur.Avec son groupe de rap IDU, il envoie des démos aux labels et finit par attirer l'attention d'EMI en 91. Recruté par la major, il débute avec « U Will Know », morceau édité avec le collectif Black Men United en 94 pour la b.o. de Jason's Lyric. Il rapplique l'année suivante en solo avec sa première galette Brown Sugar. Malgré les critiques élogieuses de la presse spécialisée, le disque connaît des débuts timides jusqu'à ce que le single sucré « Lady » permette de faire décoller les ventes. L'album se met alors à cartonner et D'Angelo accède à la renommée. Mais qui dit célébrité dit pression pour le deuxième opus... Plutôt que de précipiter les choses, D'Angelo temporise. Il publie l'année suivante le Live At The Jazz Café afin de faire patienter les fans. Il participe également à des b.o. de films : il interprète « Devil's Pie » pour la bande-son de Belly, « I Found My Smile Again » pour celle de Space Jam ; il enregistre avec Erykah Badu et The Roots (« Your Precious Love », High School High, et « The Notic », Men in Black) et reprend des morceaux d'Eddie Kendricks, ancien membre des The Temptations (Get on the Bus, Spike Lee), de Prince (Scream 2) ou des Ohio Players (Down In The Delta). Il apparaît enfin en featuring sur un certain nombre d'albums, parmi lesquels ceux de The Roots, B.B King, Lauryn Hill ou encore Method Man. Il produit par ailleurs le premier opus de sa compagne Angie Stone, avec qui il a une fille à la même époque.D'angelo revient en solo pour le nouveau millénaire avec Voodoo, un disque plus salace sur lequel figure une belle brochette de stars : l'ex-chanteuse des Fugees, Q-Tip (A tribe Called Quest) et ?uestlove (The Roots), Fat Joe, Method Man, DJ Premier, le jazzman Roy Hargrove, Raphael Saadiq ou encore sa tendre et chère, qui lui renvoie l'ascenseur. Porté par le deuxième single « Untitled (How does it feel) » et son clip dans lequel le crooner expose son corps de gladiateur, la galette atteint immédiatement le sommet des charts et vaut à son auteur deux Grammy Awards dans la catégorie R'n'B. Le chanteur enchaîne avec des featurings à droite à gauche, sur les albums de ses potes (The Roots, Raphael Saadiq, Roy Hargrove) comme sur des compils hommage à Duke Ellington, Fela Kuti ou encore Sly Stone. En 2005, D'Angelo collectionne les problèmes : il se fait condamner deux fois d'affilée pour détention de cannabis et de coke et se paye en prime un accident de voiture dont il ressort grièvement blessé. Une fois remis de ses émotions, le crooner se met à plancher sur un nouvel opus, James River, avec ses copains rappeurs Common et Q-Tip. Mais en janvier 2007, D'Angelo renonce à sortir le disque, le jugeant trop sombre et peu en phase avec ses nouvelles aspirations. En attendant que le chanteur ait bouclé ses nouvelles chansons, le label Virgin édite en juin 2008 le CD/DVD The Best So Far..., une compilation rassemblant des morceaux de ses deux albums studio ainsi que des raretés.
